Sur le plan technique, Doctena prévoit le développement de nouveaux services. (Photo: Licence C. C.)

Sur le plan technique, Doctena prévoit le développement de nouveaux services. (Photo: Licence C. C.)

Coincés entre une voie de chemin de fer et un pont autoroutier, dans un bâtiment sans âge ni âme, les locaux de Doctena cachent bien la pépite qu’ils abritent. Sur deux étages, les bureaux des différents services se font face dans un vaste «open space», ponctué par une petite salle de réunion et une kitchenette.

L’ambiance est détendue, mais Patrick Kersten, l’un des trois cofondateurs et aujourd’hui CEO, tient à préciser: «Certes, nous avons gardé nos meubles achetés d’occasion au troc, et nous faisons toujours beaucoup la fête, mais nous avons passé le cap de la start-up.»

Si Doctena est devenue en un peu plus de trois ans le leader européen de la prise de rendez-vous médicaux en ligne, c’est parce que ses dirigeants ont suivi une stratégie de développement basée sur le rachat de ses concurrents. D’abord en Belgique, début 2016, puis aux Pays-Bas, en Suisse, en Allemagne, et enfin en Autriche, début novembre, et au Luxembourg, un mois plus tard, où elle a repris les activités de sa concurrente Bookmydoc.

Nous allons doubler nos effectifs l’année prochaine.

Patrick Kersten, CEO de Doctena

Aujourd’hui, la société compte 70 collaborateurs, dont une trentaine au Grand-Duché, où sont localisées les activités de support. Mais l’appétit l’a rassasiée. Du moins pour l’instant. Aucune nouvelle acquisition ne s’annonce en 2018. «Nous avons désormais beaucoup de travail pour renforcer nos positions», lâche Patrick Kersten. «Nous allons doubler nos effectifs l’année prochaine, surtout pour agrandir nos équipes commerciales et de support.» L’objectif qu’il s’est fixé est ambitieux: multiplier par 10 le nombre de médecins adhérents, soit passer de 10.000 à 100.000. Et tout cela «au plus vite».

100 euros par mois

Sur le plan technique, Doctena prévoit le développement de nouveaux services. Au mois d’octobre, déjà, une option permettant aux patients d’obtenir un rendez-vous de dernière minute suite à un désistement a été lancée. L’entreprise travaille également au renouvellement en ligne des prescriptions médicales. Mais à terme, Doctena veut aller encore plus loin et rêve de devenir l’Uber de la médecine en intégrant le paiement de la consultation dans son application. «Aller chez le médecin doit pouvoir se faire de la même manière que réserver un taxi ou un billet d’avion», argumente Patrick Kersten. Pour se donner les moyens de ses ambitions, l’entreprise travaille sur une nouvelle levée de fonds. À en croire le CEO, celle-ci sera «davantage axée sur des investisseurs internationaux et bien plus conséquente que toutes les précédentes».

Nous gérons un million de rendez-vous par mois.

Patrick Kersten, CEO de Doctena

Le business model de Doctena est simple. Ce sont les médecins qui utilisent la plateforme qui paient. Le forfait est unique: 100 euros par mois. Mais la stratégie est différente dans chaque pays. Il s’agit de s’adapter à la culture locale, notamment celle des heures de fréquentation des cabinets médicaux. L’intelligence artificielle développée par l’entreprise veille donc à faire des propositions de rendez-vous en fonction des habitudes des patients.

Et cette stratégie semble payer. Selon des sondages internes menés sur 3.000 utilisateurs, plus de 95% des répondants recommanderaient Doctena à leurs proches. «Nous espérons profiter de l’effet boule de neige pour convaincre toujours plus de personnes. Aujourd’hui, nous gérons un million de rendez-vous par mois», rappelle Patrick Kersten. Et de conclure: «Nous avons atteint une taille critique qui va nous permettre d’aller frapper à la porte de structures plus importantes, comme celles des hôpitaux.»