Elle n’a eu que quelques heures pour dire oui à un poste de ministre sans connaître le ressort. (Photo: Nader Ghavami / archives)

Elle n’a eu que quelques heures pour dire oui à un poste de ministre sans connaître le ressort. (Photo: Nader Ghavami / archives)

Paulette Lenert fait partie des «grands serviteurs de l’État». Elle s’était d’ailleurs habituée à ce rôle, voulu et assumé, de femme de l’ombre. Mais la voilà désormais exposée en pleine lumière. «J’ai un parcours assez classique», explique-t-elle à Paperjam en marge d’une longue interview accordée quant à ses futures priorités. «J’ai fait du droit puis j’ai accédé au Barreau en travaillant dans un cabinet d’affaires.»

Mais elle entre très vite au service de l’État, au ministère de la Justice. En 1997, la création du tribunal administratif et fiscal lui offre une place de juge. Elle y restera 13 ans, devenant Premier juge puis vice-présidente. Elle est ensuite sollicitée pour rejoindre Romain Schneider (LSAP) dans le domaine de l’économie solidaire et est nommée Première conseillère du gouvernement. Elle conservera cette fonction de 2010 à 2013, détachée de la magistrature.

Appelée par Jean-Claude Juncker

Puis c’est Jean-Claude Juncker qui fait appel à elle pour prendre la direction de la cellule de facilitation en matière d’urbanisme et d’environnement rattachée au ministère d’État. À la suite du remaniement ministériel de 2013, elle intègre le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative comme Premier conseiller de gouvernement et y assure la coordination générale à partir de 2014. En janvier 2017, elle est en outre chargée de direction de l’Institut national d’administration publique. 

Finalement, c’est fin novembre qu’elle est contactée par son parti, qui lui propose un poste dans l’exécutif. «C’était un vendredi. J’ai demandé un délai jusqu’au lundi suivant pour répondre. Finalement, mon nom est très vite apparu dans les médias. J’ai accepté après y avoir un peu réfléchi, seule.» Il y a deux ans, quand Nicolas Schmit était pressenti sur le départ, elle aurait déjà été approchée. «Franchement, non. J’ai lu cela dans les journaux alors que l’on ne m’avait parlé de rien.»

Discrète, ses collaborateurs la disent «travailleuse» et «déterminée». C’est sans aucun doute aussi une femme engagée, de conviction, qui compte jouer un rôle dans le nécessaire renouvellement que va devoir initier son parti.

Voici 10 choses que vous ignoriez sans doute sur elle.

1. Elle est née à Luxembourg-ville mais a grandi à Mondorf, qu’elle considère comme sa commune. Néanmoins, elle connaît très bien la région frontalière puisqu’une partie de sa famille habitait à Wolwelange (Rambrouch), juste à côté de Martelange. 

2. Elle a fait son droit, non sans plaisir, à Aix-en-Provence. «Comme beaucoup de jeunes Luxembourgeois, j’ai convaincu mes parents que c’était la meilleure faculté au monde! Sérieusement, elle a très bonne réputation… mais il y a aussi le soleil.» Elle a ensuite fait une spécialisation en droit européen à Londres.

3. Elle est la maman de deux grandes filles de 23 et 21 ans.

4. Son papa fut aussi durant toute sa carrière au service de l’État, coordinateur au ministère de la Recherche. Il était, lui, proche du parti conservateur. «Mon grand-père était pour sa part un socialiste pur et dur, à l’ancienne. Je ne l’ai pas connu car il est décédé un an avant ma naissance. Mais dans la famille, son engagement est presque un mythe… J’ai donc baigné dans un milieu où la politique occupait une certaine place.»

5. On trouve peu de choses sur Paulette Lenert à se mettre sous la dent via les réseaux sociaux. Les photos de vacances sur Facebook, non merci. «Je suis discrète à ce niveau. Mon temps libre est à moi.» À tel point qu’au niveau professionnel, «je vais devoir m’y mettre, intégrer cela. Mais il y a des gens pour me conseiller.»

6. Socialiste de cœur, elle n’a pas eu de carte du LSAP de suite, au contraire. «J’ai pris ma carte quand j’ai quitté les fonctions de juge et que j’ai su que je n’y reviendrai pas. Avant cela, être encartée me semblait un peu heurtant par rapport à ma fonction.»

7. Elle n’était pas candidate en octobre 2018, «même si on me l’a proposé. La raison: j’étais conseillère du gouvernement. Quand je dis gouvernement, c’est toute l’équipe, pas un ministre. Même si on travaille plus avec certains que d’autres. Être candidate et faire campagne durant des semaines, parfois en critiquant cette équipe, cela me semblait incohérent».

Faute de bureau, j’ai squatté celui de Romain Schneider.

Paulette Lenert, ministre de la Protection des consommateurs

8. Paulette Lenert est une femme fidèle et de toute confiance. Marquée à gauche, c’est néanmoins à elle que Jean-Claude Juncker (CSV) a fait appel pour créer la cellule de facilitation en matière d’urbanisme et d’environnement.

9. Elle a squatté le bureau de Romain Schneider. Quand elle quitte la magistrature pour travailler avec Romain Schneider (LSAP) sur l’économie solidaire et durable, il n’y a rien: ni statuts ni feuille de route… Ni bureau. «Du coup, j’ai squatté dans le bureau de Romain, faute de place ailleurs.»

10. Ses hobbies? Elle essaie le plus souvent possible de se balader dans la nature, avec son chien. Une fois par jour, quand cela est possible. Elle aime aussi courir «modestement». Et cuisiner: «Mais si vous écrivez cela, ceux qui sont venus manger chez moi vont rigoler!»