Comme l’ont rappelé les membres de différentes chartes lors d’un panel dédié à la promotion de la diversité, c’est du mélange que naît la créativité et l’innovation.  (Photo: Commission Européenne)

Comme l’ont rappelé les membres de différentes chartes lors d’un panel dédié à la promotion de la diversité, c’est du mélange que naît la créativité et l’innovation.  (Photo: Commission Européenne)

Dans une Europe débordée par la crise migratoire, une journée entière dédiée à la diversité offre un autre prisme pour analyser les évolutions démographiques en cours.

Ce 18 octobre, 203 participants représentant les 16 chartes de la diversité au sein de l’UE, de la France au Portugal en passant par le Luxembourg, se sont retrouvés à Dublin pour la 7e édition d’un forum annuel toujours plus rempli. Ainsi, la dernière charte en date est celle de la République tchèque.  

Tous s’accordent pour dire que la gestion et la promotion de la diversité sont l’affaire de chacun, entrepreneurs comme représentants politiques. «Nous ne pouvons plus être complaisant et nous contenter de l’assez bien», affirmait Frances Fitzgerald, vice-Première ministre de l’Irlande et ministre de la Justice et de l’Égalité, lors de l’ouverture d’un forum qui s’est avéré riche en échanges. «L’Europe ne peut plus se contenter de ses stratégies passées. Le temps des excuses est révolu, place à l’action! Une société plus inclusive l’est au bénéfice de tous. Notre principale ressource, ce sont les citoyens.»

La diversité est aussi le business du business.

Tiina Astola, DG Justice et Consommateurs

Générationnelle, sociale, culturelle, la diversité est aussi religieuse, sexuelle ou encore économique. Elle se gère aujourd’hui dans les entreprises, institutions publiques, asbl et autres mouvements citoyens. «C’est en mélangeant les parcours et les regards qu’on innove. La diversité est aussi le business du business. Son impact positif si elle est accompagnée se traduit en performance. Dans un contexte d’immigration massive, la Commission veut accélérer ce mouvement et le diffuser à plus grande échelle», déclare Tiina Astola, de la DG Justice et Consommateurs, à l’initiative de la rencontre.    

Apprentissage collectif

À l’initiative de la Charte de la diversité Lëtzebuerg conçue à l’automne 2012 et neuvième à se créer à l’échelle de l’UE, l’IMS a forcément fait partie du voyage. Apporter une contribution aux discussions et revenir avec de nouveaux concepts font partie des bénéfices collatéraux. «À chaque rencontre, on revient chargé d’énergie, d’éclairages nouveaux et de bonnes idées duplicables. Pour l’organisation de notre tout premier Diversity Day, par exemple, nous avions beaucoup sollicité nos homologues allemands, déjà familiers de l’exercice», cadre Nancy Thomas- Bastien, directrice de l’IMS, qui fêtera bientôt ses 10 ans. L’an passé, la plateforme était d’ailleurs l’hôte de l’événement dans le cadre de la présidence européenne du Conseil de l’UE. Elle avait accueilli 180 participants au Cercle Cité.

Ces échanges sont riches à tous les niveaux.

Catia Fernandes, Charte de la diversité Lëtzebuerg

Dotées de niveau d’ancienneté, de modèles économiques et de niveaux de contraintes différentes, les chartes se nourrissent les unes des autres et échangent volontiers des bonnes pratiques et/ou idées d’événements. Bien souvent, les obstacles et sujets tabous sont communs. «Lors de la rédaction du texte luxembourgeois, les auteurs s’étaient inspirés du meilleur de chaque charte existante», souligne Catia Fernandes, coordinatrice de la Charte de la diversité Lëtzebuerg, qui compte en ce moment 170 signataires. «Ces échanges sont riches à tous les niveaux.»

Se centrer sur le positif

Sur le thème «Selling diversity in a world of diversion», chercheurs, blogueurs ou asbl ont confronté leurs points de vue sur les priorités à attaquer. La communication en fait partie. Il est crucial de sans cesse revenir sur l’intérêt de la diversité, et toucher journalistes et influenceurs. Ainsi, dans le dernier Eurobaromètre, 64% des citoyens sondés estimaient ressentir une discrimination latente sur base de l’origine ou de la culture, 42% en raison de l’âge et 50% suite à la religion.

Nous avons besoin du relais de leaders d’opinion.

Cécile Kyenge, Parlement européen

«L’UE est construite tous les jours avec des valeurs communes. Le respect, la tolérance, la dignité et l’inclusion en font partie. Nous devons vivre et travailler ensemble dans un contexte fait d’identités multiples. Malheureusement, de nombreuses personnes se sentent encore et toujours discriminées à cause de ce qu’elles sont», note Cécile Kyenge, membre du Parlement européen. «Certains sujets ne sont pas couverts. Je pense notamment à l’intégration des Afro-Européens. Nous avons besoin du relais de leaders d’opinion et d’un engagement politique plus marqué contre la haine et le racisme.»

Culture managériale

Dans le chef des entreprises, c’est la culture qui doit muter.

Les managers doivent être tenus pour responsables.

Gerry Kilcommins, Medtronic

Du recrutement à la détection des hauts potentiels, la recherche de diversité doit être présente à chaque étape de la vie des employés. «C’est quelque chose de vivant. Ce n’est pas un e-mail ni une conversation. La diversité doit être concrète et vécue. Il faut communiquer, mais avec des résultats tangibles», partage Margot Slattery, CEO de Sodexo Irlande, souvent cité dans les champions globaux à côté du groupe L’Oréal. «Les managers doivent être tenus pour responsables de leurs actions en la matière», embraie Gerry Kilcommins, VP Global Vascular Operations chez Medtronic. «En tant que leader, je commence par moi-même. Elle fait partie de nos objectifs annuels.»  

Aletta Gräfin von Hardenberg, general manager de la charte allemande qui compte près de 2.400 signataires, résume: «La diversité est un voyage. Elle est holistique et doit se gérer comme un ensemble. Plutôt que de se centrer sur les différences, il faut diffuser des messages positifs et montrer les bons exemples. Cela doit être un sujet stratégique dans les entreprises, quelle que soit leur taille, même si les PME sont plus difficiles à atteindre. Combiner les formats pour maintenir l’attention et mesurer les progrès consentis sont des piliers.»