Gerkens, à gauche, et Vajna, à droite, ont confirmé la rumeur: ils travailleront ensemble sur TV2. (Photo: Origo.hu)

Gerkens, à gauche, et Vajna, à droite, ont confirmé la rumeur: ils travailleront ensemble sur TV2. (Photo: Origo.hu)

Dirk Gerkens veut-il prendre une revanche en ayant accepté de prendre les manettes de la chaîne hongroise privée TV2, concurrente directe de RTL Klub? Il en avait été évincé en mars dernier après son bras de fer avec le pouvoir hongrois autour de la super-taxe sur les revenus publicitaires.

Gerkens doit en tout cas prendre la direction du groupe TV2, et ses quatre chaînes commerciales, qui sont passées sous la coupe du Hongrois Andrew G. Vajna, ancien producteur à Hollywood et commissaire de gouvernement pour l’industrie hongroise cinématographique, présenté comme un proche du pouvoir de Viktor Orbán, selon le site d’informations en ligne origo.hu.

Comme Paperjam l’avait raconté en mars dernier et bien que RTL Group ait démenti cette information, la tête de Gerkens avait été mise dans la balance en échange d’une baisse de la taxe sur les revenus publicitaires qui, si elle avait été appliquée dans sa version initiale, aurait plombé les résultats de RTL Klub. Son niveau était descendu de 40% du chiffre d’affaires de la chaîne à 5,4%.

Gerkens était devenu l’homme à abattre pour Orbán et son gouvernement, après que la chaîne se soit orientée vers des informations non consensuelles avec le pouvoir. Les journaux télévisés étaient devenus incommodants, avec des enquêtes sur des affaires de corruption impliquant le pouvoir en place à Budapest.

Rappelé au siège luxembourgeois en mars dernier, l’ancien patron de la chaîne depuis 2001 s’était vu proposer un placard par le groupe et avait dès lors choisi d’en claquer la porte.

TV2 aux mains des fidèles d'Orbán

L’ex-CEO de RTL Klub incarnait presque à lui tout seul la résistance au «chantage et aux pressions» du tout puissant parti de Viktor Orbán, le Fidesz.

Le projet de super-taxe avait été interprété comme la volonté des partisans d'Orbán de faire main basse sur les médias, qu’ils contrôlent déjà en partie, et faire une razzia sur l’une des chaînes privées les plus prospères du pays.

Dans une interview à Libération, Gerkens avait vu dans la super-taxe publicitaire une manœuvre de Budapest pour «pousser RTL Klub à vendre ses actifs médias à prix réduit». Il évoquait le précédent TV2, ex-propriété de ProSieben, tombée dans l’escarcelle de fidèles du Fidesz. Il est maintenant passé de l’autre côté du miroir, en restant un homme gênant, mais cette fois pour RTL Group, dont il connaît tous les rouages.