Depuis le Technoport, Fabrice Dewasmes (Neopixl) observe le marché. (Photo : Jessica Theis)

Depuis le Technoport, Fabrice Dewasmes (Neopixl) observe le marché. (Photo : Jessica Theis)

Le jeune entrepreneur de l’année au Luxembourg sera peut-être… Fabrice Dewasmes. Le Français a pris son envol entrepreneurial à 35 ans, en 2011, après avoir engrangé expérience et connaissance du marché dans différentes sociétés informatiques.

La start-up, fondée avec Emmanuel Valentin, est basée au Technoport d’Esch-sur-Alzette : Neopixl développe des logiciels dédiés aux plates-formes MacOS et aux supports mobiles. Elle offre même dans ce dernier domaine un service de conseil. Mais la société travaille également sur des programmes pour des marchés de niche. Parmi eux, Running Order, un outil d’aide à la conduite d’émissions de télévision. Et cela ne s’arrête pas là.

L’entrepreneur jouit en fait d’une véritable verve créatrice. D’abord pour se différentier de ses concurrents, Fabrice Dewasmes a choisi une approche centrée sur l’aspect technologique, sur l’experience design et sur l’ergonomie. « Trois composantes qui font qu’un logiciel va être adopté, dit-il. Nous estimons que les utilisateurs ont droit à des applications à la fois bien pensées et agréables à utiliser. » Presque une promesse électorale.

Mais l’entrepreneur sait aussi observer la demande. La spécialisation sur le « marché Mac » répond à un besoin né « d’une cadence imposée par Apple ».
Le développement de la partie mobile est lui lié à une évolution structurelle. « Nous voulons accompagner les utilisateurs dans l’ensemble de leurs process, explique l’entrepreneur. Pratiquement plus rien ne se fait sur le desktop. Tout est déplacé sur la partie mobile. Nous n’y sommes pas allés parce que c’était hype, mais parce qu’il y avait un réel besoin. » D’ailleurs, tous les smartphones sont concernés. Pas seulement les iPhones. Placer le cadre de travail dans une situation mobile constituait l’un des objectifs suivi par la start-up.

Je suis donc je pense

Olivier Raulot, ancien vainqueur du concours Cyel et public averti de la scène new technology luxembourgeoise, n’admire chez Fabrice Dewasmes pas tant ses capacités innovantes que les réalisations techniques. « L’approche open source et cross-platform valorise les qualités de l’ingénieur. Ses compétences techniques sont gage de réussite. »

Jean-Claude Bintz, président du jury du Cyel, mais surtout homme d’affaires luxembourgeois averti, a déjà rencontré Fabrice Dewasmes à plusieurs reprises lors de son parcours professionnel. Pour lui, le CEO de Neopixl a « toujours su mettre la réponse sur les problèmes ». L’entrepreneur français suit donc d’abord le marché avant de lui répondre avec une solution idoine.

Parmi celles-ci, en bonne place dans la vitrine virtuelle de Neopixl, figure Running Order, un programme de conduite d’émissions télé née de la commande d’un client. Fabrice Dewasmes a d’ailleurs choisi de partager les frais de production afin de pouvoir continuer à exploiter le logiciel après sa conception. La start-up est aujourd’hui en discussion avec la société de production de télé-réalité néerlandaise Endemol pour céder l’exploitation de Running Order durant la sixième saison de Secret Story, un Big Brother français légèrement retravaillé.

Diego de Biasio, membre du jury Cyel, connaît lui aussi bien Fabrice Dewasmes pour l’héberger au Technoport. Il le complimente bien volontiers, mais prévient. « C’est quelqu’un de très dynamique, doté d’un bon potentiel. Maintenant son challenge consiste à ne pas trop se disperser avec des activités superflues. » En effet, à vouloir répondre à toutes les demandes du marché, Neopixl et ses deux employés courent le risque de perdre des forces sur tous les fronts.

Participants au programme business mentoring de la Chambre de Commerce, ils devraient être néanmoins conseillés pour éviter ce type de piège. La capacité d’écoute de l’entrepreneur est à ce titre louée par son entourage professionnel. Elle ne se limite d’ailleurs pas à ce seul cercle puisqu’il a pris en compte les arguments de… sa femme avant de faire la démarche pour postuler au concours Cyel.

Pour l’intéressé, la participation à des concours génère une stimulation de la créativité. Avec Doogies, jeu conçu pour les téléphones mobiles, il a d’ores et déjà remporté un concours international d’applications organisé par Samsung. Et c’est par le biais d’un autre concours de développement d’applications (sur 36 heures), l’Apps foundry contest, coorganisé avec le Technoport, que la société souhaite rencontrer, et éventuellement recruter, des développeurs. Ainsi, la force de frappe de la start-up serait démultipliée et elle pourrait donner vie aux idées de l’inventif entrepreneur.