Serge Nickels (Photo: Luc Deflorenne)

Serge Nickels (Photo: Luc Deflorenne)

Les réflexions stratégiques d’une entreprise se doivent d’être une constante dans le temps, et ce, quelle que soit la situation économique du moment. Or, en période de crise, bien souvent les budgets «conseils stratégiques» sont coupés, afin de limiter au maximum les frais et passer la tempête sans trop s’exposer aux coups de tabac. «Pourtant, c’est dans ces moments qu’il est opportun de réfléchir à une nouvelle stratégie et choisir les bonnes pistes à suivre, selon ses possibilités», estime Serge Nickels, administrateur de Management Consultants Luxembourg.

Si une PME juge que la situation est critique du fait de facteurs exogènes, «plus prononcés sur le moment», la réaction sera plus rapide et elle fera alors appel à des conseils stratégiques pour son développement. «Mais, si l’on constate de telles réactions dans l’urgence, on ne peut pas dire qu’il y a une croissance hors norme pour autant», constate M. Nickels.

Tout dépend également du secteur d’activité. Dans un environnement pas ou peu touché par la crise, les PME qui le composent auront en général moins recours à de tels services. Il en sera tout autrement, bien évidemment, si l’impact du ralentissement se fait réellement sentir. «Mais c’est aussi et beaucoup une question de culture des entreprises», note M. Nickels. Ainsi, au cœur d’une société familiale, dont la direction passe d’une génération à une autre, cette notion de reconsidération stratégique ne va pas forcément de soi.

En revanche, les entreprises dotées d’un capital ouvert aux actionnaires externes ont bien davantage ce réflexe de faire appel à des conseils stratégiques pour leur business development. «Il est vrai qu’une PME qui travaille depuis de nombreuses années en adoptant depuis toujours un même schéma perd bien souvent toute notion de stratégie. De ce fait, il est important pour elle de s’adjoindre les services d’un conseiller extérieur.»

Cependant, se pencher sur une nouvelle stratégie, puis la mettre en place, représente une étape que beaucoup de sociétés hésitent à franchir. «Il faut qu’elles réfléchissent aux mesures à mettre en œuvre, mais aussi qu’elles prennent le temps de bien expliquer au personnel, par exemple, le but de ce changement, afin qu’il le comprenne et l’adopte.»

Les communes s’y mettent

Dans le secteur public, les mentalités semblent évoluer dans ce sens. Management Consultants Luxembourg, qui conseille 35 communes et syndicats du pays, a constaté en effet que si les investissements des collectivités locales ont grandement augmenté depuis 2009 (+33% sur une période de cinq ans), les revenus sont restés stables. «Il y a donc un effet ciseaux au niveau de leur budget», constate Serge Nickels, persuadé de la nécessité, pour elles, d’adopter une nouvelle stratégie, d’intégrer une vision à plus long terme (comme passer d’un budget prévisionnel annuel à un budget pluriannuel), de repenser les besoins d’investissements ou encore d’adopter des systèmes de collaborations ou de fusions entre les administrations. «Les communes n’hésitent plus à faire appel à des consultants extérieurs et se gèrent de plus en plus comme des sociétés de services.»