En remportant 31 mandats sur 60, la coalition gouvernementale sortante perd un siège et garderait une très courte majorité en cas de reconduction de l’alliance tripartite.

Les résultats des trois partis sont très contrastés: Déi Gréng remporte le meilleur résultat de son histoire en gagnant trois mandats – deux au Centre et un au Sud – pour en compter neuf au total. Il talonne le LSAP, qui perd deux sièges par rapport au scrutin de 2013. Avec leurs 10 sièges au total, les socialistes enregistrent leur plus mauvais score depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, passant même en dessous de leur score de 1945 (11 mandats sur un total de 50).

Les libéraux perdent un siège dans leur circonscription fétiche, le Centre, et se retrouvent avec 12 élus. En limitant leurs pertes, ils passent en deuxième position quant au nombre de mandats et se retrouvent incontournables dans une négociation soit avec les deux partenaires actuels, soit avec le CSV.

Dans le cas d’une reconduction de la majorité sortante, Xavier Bettel serait sans doute le mieux placé pour revendiquer à nouveau le poste de Premier ministre, du fait d’un score personnel nettement supérieur à celui de François Bausch ou d’Étienne Schneider.

Plusieurs scénarios possibles

Le CSV, qui figurait comme le grand favori de ce scrutin, perd deux sièges et n’en compte plus que 21 – bien loin des 26 qu’il avait enregistrés encore en 2009. En tant que premier parti du pays comptant une nette avance sur ses concurrents, il peut revendiquer une participation au gouvernement, mais son recul complique nettement l’équation et ne lui donne pas forcément la main.

Un des deux scénarios les plus probables envisagés dimanche soir est qu’une alliance avec le DP fournirait une majorité de 33 sièges, mais il faudrait que le parti de Xavier Bettel accepte de jouer le rôle de partenaire «junior». 

Une alliance avec le LSAP (31 sièges) est improbable, car les deux partis sont en recul (cinq sièges au total). Une coalition CSV-Déi Gréng (30 sièges) n’est pas davantage envisageable. Une autre hypothèse serait une coalition tripartite composée du CSV, du DP et des Verts, mais cela signifierait que les socialistes abandonnent leur prétention de rester au pouvoir et que l’actuel trio au pouvoir décide de ne pas poursuivre l’expérience de la législature sortante. On pourrait également envisager une coalition à quatre (l’alliance sortante plus le parti pirate) pour s’assurer une majorité plus confortable sans le CSV, mais cela risquerait de compliquer encore la formation du gouvernement.

L'autre scénario et qui se profile est donc la reconduction d’une majorité «Gambia», avec certainement un rôle renforcé pour Déi Gréng.

Succès pour les Pirates

Outre les quatre partis se disputant la participation au pouvoir, trois autres formations seront représentées à la Chambre des députés. L’ADR gagne un siège (au Nord) et en compte désormais quatre, ratant son objectif d’obtenir cinq mandats pour former un groupe parlementaire. Déi Lénk se maintient avec ses deux sièges (l’un au Sud et l’autre au Centre), échouant dans sa conquête d’un troisième mandat. 

La joie est grande chez les Pirates, qui remportent deux mandats – l’un au Sud et l’autre au Centre – et entrent, pour la première fois, à la Chambre des députés. Ce succès historique est sans doute une autre surprise de ce scrutin, qui annonce une législature 2018-2023 plus colorée.