Jean-Luc Jourdan, fondateur du groupe GMS, perçoit une convergence d’intérêts vers le Luxembourg. (Photo: Anthony Dehez)

Jean-Luc Jourdan, fondateur du groupe GMS, perçoit une convergence d’intérêts vers le Luxembourg. (Photo: Anthony Dehez)

L’année 2017 est-elle celle du private equity au Luxembourg? Elle pourrait être pour le moins l’année de la confirmation du positionnement de la Place dans ce créneau, dans laquelle elle n’est pourtant pas novice. En cumulant les efforts de promotion de la Luxembourg Private Equity Association (LPEA), l’effet du Brexit qui pousse les acteurs du private equity à rechercher des localisations stables et la réglementation AIFM qui favorise le mouvement des acteurs vers l’onshore, on comprend mieux le ressenti de momentum depuis quelques mois.

Mais un autre facteur pourrait expliquer, en partie, le regain d’intérêt pour le private equity, qui était jusqu’ici avant tout synonyme d’administration plus que de prises de décisions depuis Luxembourg. «La Place renaît en quelque sorte de ses cendres en ayant effectué un repositionnement vers les activités dédiées aux plus grandes fortunes, dont le family office», déclare Jean-Luc Jourdan, président et fondateur du groupe GMS (pour Global Management & Services Group). Fondée en 1999, la fiduciaire a pris de l’ampleur, tout en restant dans une configuration à taille humaine, pour désormais agir également en tant que multi-family office. Un positionnement qui se combine à des partenariats avec des experts auprès d’une clientèle présente notamment outre-Manche et en Italie. «Cette refonte de la Place nous a poussés, nous les professionnels, à lire la clientèle avec d’autres critères, à ouvrir de nouveaux horizons. C’était une chance de voir beaucoup plus loin et de traiter des opérations beaucoup plus étendues en taille et en intérêt.»

L’attrait pour la boîte à outils

Titrisation, fiar, sàrl-s... les véhicules et outils luxembourgeois ont non seulement permis d’attirer des acteurs aguerris de l’étranger, mais «Ils ont aussi ouvert l’esprit à des entrepreneurs qui ont été à l’origine d’incubateurs ou d’initiatives pour attirer des entrepreneurs de demain et des start-up, note Jean-Luc Jourdan. Le développement du private equity prend sa place dans cette logique de soutien à de nouveaux projets d’entreprises, dans des secteurs en plein essor et à valeur ajoutée.» Le patron de GMS y voit un lien évident avec le développement de l’Université et son pouvoir d’attraction des jeunes talents dans les secteurs en question, les nouvelles technologies en tête. Les opérations d’image menées par le gouvernement pour promouvoir le pays à l’étranger ont par ailleurs mis un peu plus d’éclairage sur le Luxembourg. «Il est important que le pays se repositionne dans le peloton de tête, ajoute Jean-Luc Jourdan. Les entrepreneurs passent par le Luxembourg, nous voyons des décideurs décider véritablement, y compris dans le private equity.»

Le chaînon manquant

Pour Jean-Luc Jourdan, le Grand-Duché doit faire jouer l’ensemble de ses avantages pour réunir le monde du private equity et celui des nouveaux entrepreneurs, qui se développent grâce et autour d’internet. «L’accès aux professionnels de la Place et aux autorités est plus facile et rapide qu’à l’étranger, nous devons valoriser cet atout», note-t-il. Dans le même temps, le dirigeant réclame plus d’efforts sur l’éducation des entrepreneurs pour que l’Europe ne soit pas – trop – à la traîne face aux autres terreaux de l’étranger qui concentrent les industries nouvelles. «Si l’Europe ne se dote pas d’une école ou de programmes autour de la culture de l’entrepreneuriat, nous serons relégués aux oubliettes.» Comment, en effet, retenir des investisseurs dans le champ du private equity sans projet à leur présenter?