Pour Nicolas Schmit, la gestion des talents est cruciale pour l’économie du pays. (Photo: Jessica Theis)

Pour Nicolas Schmit, la gestion des talents est cruciale pour l’économie du pays. (Photo: Jessica Theis)

Comment gérer ses talents, autrement dit ses collaborateurs, dans un monde en perpétuel changement? Un défi permanent avec lequel les professionnels des ressources humaines doivent apprendre à composer. Si des méthodes existent, chaque organisation doit se doter des outils qui correspondent à sa réalité, comme l’ont révélé les orateurs d’une soirée 10x6 «talent management» organisée le 22 mai aux établissements Namur.

En présentant une vidéo de la chanteuse anglaise Susan Boyle lors de son audition à l’émission «Britain Gots Talent», Rachel Treece, managing director de Fast, a invité l’assistance à ne pas se limiter aux apparences. «Certains talents ne sont pas tels qu’ils nous apparaissent en premier lieu», a-t-elle ajoutée. De la découverte du talent chez les collaborateurs, à la mesure de leur performance, il n’y a qu’un pas qu’il faut toutefois franchir avec prudence. «La performance n’est pas équivalente au potentiel. Il faut analyser le potentiel et le contextualiser pour établir une performance», a déclaré Luc Scheer, directeur des ressources humaines de la Croix-Rouge. Cette notion de performance transpirait par ailleurs de l’intervention de Stéphanie Marechal, human manager de husky, pour qui il importe de considérer les capacités mentales, mais aussi celles liées à l’intelligence émotionnelle de chaque collaborateur. Cette dernière, complémentaire du quotient intellectuel, a été expliquée par Charles Benoy (Lilith Project). Le concept prend de l’ampleur en Europe et repose sur cinq piliers relatifs à l’intelligence intra et interémotionnelle qui déterminent un coefficient émotionnel.

Changement de valeurs

L’ascension hiérarchique correspondant moins aux spécificités du secteur social, les DRH concernés doivent faire preuve de créativité pour dynamiser leur politique, le tout dans un contexte conventionné. «Convention collective et gestion des talents coexistent difficilement», a déclaré Christelle Hahn, responsable de la formation continue, Fondation François Élisabeth. L’hôpital a ainsi mis en place des ateliers animés par ses collaborateurs autour de leurs compétences professionnelles et extra-professionnelles comme leurs passions, sur base du volontariat. Ce type d’organisation montre que les collaborateurs recherchent une expérience globale au travail, au-delà de l’aspect financier qui n’est plus la première motivation. «Ce n’est pas tant l’argument financier qui compte dans l’attraction des talents, mais leur capacité à s’imaginer un avenir dans la structure», a ajouté Vinciane Istace, human capital partner de PwC Luxembourg. Cette aspiration est sans nul doute influencée par un contexte économique difficile qui redistribue la donne en matière de transfert de talents. «En période de crise, les arguments sont différents pour convaincre les talents, qui se montrent plus prudents», notait Nathalie Delebois, directrice et cofondatrice, DO Recruit. Souvent amenées à changer de cap ou à entamer de nouveaux projets pour pérenniser leurs activités, les entreprises sont par ailleurs appelées à communiquer au plus vite, et au mieux, les conséquences de ces changements à leurs collaborateurs, comme l’a indiqué Sonia Rucquoy, partner, De Verchin & Partners.

Recherche: talents

Pierre angulaire de l’image d’une entreprise, tant en externe qu’en interne, les leaders seraient, en revanche, moins considérés quant aux investissements en formation. «Le développement des leaders et un axe sous-investi dans la gestion des talents, contrairement au développement des managers qui ne font pas forcément de bons leaders», a déclaré Sylvie Michel, country manager de Hudson.

Sur le plan économique, l’attraction des talents est l’une des clés pour réussir la diversification du pays et la mutation vers les nouvelles industries. Ce constat résulte de l’intervention de Nicolas Schmit, ministre du Travail et de l’Emploi (LSAP). «Si nous réussissons à avoir une société accueillante pour les talents, nous parviendrons à l’insertion du pays dans le jeu global où les talents occupent un rôle important.» Sur le plan national, M. Schmit a invité les entreprises à exploiter les talents du pays ou à susciter le goût aux plus jeunes d’oser prendre des risques.