Pour Vincent Magnus, il ne faut pas oublier tout ce qu’apportent les frontaliers aux communes dans lesquelles ils résident. (Photo: Anthony Dehez)

Pour Vincent Magnus, il ne faut pas oublier tout ce qu’apportent les frontaliers aux communes dans lesquelles ils résident. (Photo: Anthony Dehez)

Le CSV est un peu le parti jumeau du vôtre, le CDH. Que vous inspirent les résultats des législatives au Grand-Duché?

Vincent Magnus. – «Il faut bien avouer que l’on a suivi la campagne électorale grand-ducale d’assez loin. Nous étions ici aussi face à une échéance, celle des élections communales. Claude Wiseler était venu à Arlon. Néanmoins, il faut bien le reconnaître, on se connaît assez peu, et on connaît peu le détail des programmes. Pour ma part, je pensais qu’on irait finalement vers une coalition DP-CSV. Ce ne sera pas le cas. Si le CSV est de fait le pendant du CDH côté luxembourgeois, j’ai aussi beaucoup d’amitié pour Xavier Bettel, que je connais bien, qui vient régulièrement à Arlon écouter son mari chanter ou visiter sa belle-famille...  

Quelles sont maintenant vos attentes de la part du Grand-Duché?

«Nous avons plus de relations avec d’autres villes – principalement Luxembourg et Esch-sur-Alzette – qu’avec l’État grand-ducal lui-même. Je pense que la priorité est donc de relancer la dynamique de Tonicités (réseau des villes d’Arlon, Esch, Luxembourg, Metz, Thionville et Longwy) afin de pouvoir très vite discuter entre nous de sujets importants. Et pousser alors les États à se parler à leur tour, notamment en ce qui concerne la mobilité.


(Photo: Anthony Dehez)

La mobilité entre Arlon et Luxembourg, c’est véritablement un point noir...

«J’en ai en effet un peu marre d’entendre les responsables des partis parler de mobilité douce, de transports en commun, de solutions partagées... et que rien ne se fasse sur le terrain. Pour la liaison ferroviaire Arlon-Luxembourg, on voit juste les balles passer au-dessus de nos têtes. 

Pour le train, nous sommes sur la même longueur d’onde que le Luxembourg. C’est la SNCB qui refuse de bouger.

Vincent Magnus, bourgmestre d’Arlon

Ce qui coince, ce sont les trains et le plan de transport de la SNCB. Le reste est prêt. On demande juste que les trains puissent aller à Viville sans rupture de charge, idem à Luxembourg-ville. Nous sommes sur la même longueur d’onde que le Luxembourg. Mais la SNCB ne bouge pas. Le P+R? Pas besoin d’en construire un gigantesque de suite, il suffit d’autoriser le stationnement sur le site des anciens ateliers et de mettre des trains à Viville. Et on verra si cela marche. Il faut avant tout penser aux usagers. 

La Région vient d’annoncer un retard de plusieurs mois pour le chantier de la E411/A6. Un nouveau coup dur?

«On s’y attendait. Je continue toujours à me demander pourquoi cette bande de covoiturage ne va pas au-delà de la frontière. J’ai assisté à un débat à la Chambre de commerce du Luxembourg où le ministre François Bausch disait qu’il était d’accord pour la prolonger après Sterpenich. Pourquoi ne le fait-il pas, alors? Le covoiturage est en tout cas une bonne idée de manière générale. Il n’y aura pas de frein de la part des entreprises. Je viens de ce monde et je peux vous dire que l’on s’adaptera à cette manière de faire.

La E411 terminée, place à un chantier sur la N4 entre Arlon et Steinfort?

«Oui, la Sofico a annoncé que la N4 suivrait tout de suite. C’est un chantier prévu de longue date, qui devait avoir lieu avant la E411. Il est important, car cela concerne une importante voie d’accès dans le chef-lieu. Mais ce chantier ne causera pas des ennuis aussi importants que celui en cours.


(Photo: Anthony Dehez)

56% des actifs arlonais sont employés au Grand-Duché. C’est une situation particulière à gérer pour un bourgmestre?

«C’est le propre de la plupart des communes du sud du Luxembourg. Mais ce n’est pas une population particulière. Si ce n’est qu’elle souffre de cette mauvaise mobilité vers son lieu de travail, et cela depuis des années. Et là, comme pour les autres, on doit trouver des solutions rapides. On peut la critiquer, mais il ne faut pas perdre de vue que c’est une population qui a un fort pouvoir d’achat, qui aime la culture...

Êtes-vous partisan de travailler à l’échelle de la Grande Région, ou voyez-vous plus un avenir dans un Grand Luxembourg?

«La Grande Région, c’est un territoire immense. Je me sens donc plus proche d’un Grand Luxembourg. Quand il s’agit de traiter des problèmes très locaux, de base, il est plus efficace de se retrouver autour d’une table avec par exemple les représentants des villes du réseau Tonicités.

Quel est le prochain dossier à prendre à bras-le-corps en faveur des frontaliers?

«Il est fiscal: c’est l’augmentation des jours de prestation à l’étranger. Il faut arriver à 69 jours, 24 c’est insuffisant. J’ai déjà entendu nombre de patrons luxembourgeois qui voulaient organiser des événements, formations, séminaires à Arlon, mais ont renoncé, car cela risquait d’être compté comme prestation à l’étranger pour leur personnel.

J’ai beaucoup d’ambition pour ma ville. Notamment par le biais de la culture.

Vincent Magnus, bourgmestre d’Arlon

Comment se porte Arlon, ville qui a beaucoup souffert ces dernières années?

«Beaucoup de choses bougent. On a réussi à relancer le dynamisme du centre de la ville, on multiplie les activités. On propose de nouveaux concepts: Lux Fashion Week, week-end gallo-romain… Notre ancien palais de justice a trouvé une vocation culturelle. D’ailleurs, je pense que nous devrions plus collaborer avec le Grand-Duché, et notamment avec le Mudam, dans le cadre de grandes expositions. Je veux créer un grand pôle culturel dans le centre d’Arlon. Le premier volet (aménagement du parc Léopold, parking souterrain et embellissement de la place Léopold) sera le dossier le plus important de la législature à venir. C’est un sujet préalable au second: l’aménagement de l’ancien Hôtel du Nord et la création d’un vrai pôle dédié à la culture. Il inclura l’ancien palais de justice où nos expositions fonctionnent bien. On attire 10.000 personnes par an. Mais l’ambition est d’en avoir à terme 50.000 ou 60.000.»