Des réseaux sociaux existent désormais pour partager ses tuyaux d'investissements. (Photo: Flickr/CC)

Des réseaux sociaux existent désormais pour partager ses tuyaux d'investissements. (Photo: Flickr/CC)

De même que le secteur de l’hôtellerie subit le modèle Airbnb et les taxis européens la révolution Uber, le secteur de la banque privée pourrait bien, lui aussi, se faire dépasser par de nouveaux acteurs qui rompent avec le mode traditionnel du conseiller particulier pour agir plus vite et moins cher sur la toile.

Conscient que ce secteur est à l’aube d’une révolution digitale, le groupe de consultance EY a mené une enquête comparative en Suisse, au Luxembourg et à Singapour afin de voir la manière dont elle est appréhendée. 30 représentants de banques privées ont été interrogés dans les trois pays. Résultat: «Les banques restent guidées par les priorités réglementaires ou opérationnelles», pointe Denis Costermans, directeur associé advisory chez EY Luxembourg.

Nouvelle donne

C’est sans doute logique qu’après la crise et l’explosion de nouvelles mesures réglementaires, le secteur financier donne la priorité aux aspects de conformité et de sécurité de l’information. «Mais l’étude montre clairement que, par rapport à l’internet de première génération, les choses ont fondamentalement changé», insiste Olivier Maréchal, associé et responsable du département Financial services advisory chez EY Luxembourg.

Elle pointe quatre grands changements: le passage de l’écran fixe au mobile, l’émergence des réseaux sociaux et leur modèle collaboratif jusque dans la sphère de la banque privée, la capacité d’analyse de données massives (big data) et le cloud computing. Des transformations qui touchent la plupart des secteurs de l’économie et vont, tôt ou tard, fondre sur le private banking et le wealth management, même si le mouvement est plus lent qu’ailleurs.

«Le terrain est favorable, analyse Denis Costermans, des études montrent clairement que le client de banques privées est friand de nouvelles technologies.» À Luxembourg, il s’agit aussi le plus souvent de clients internationaux qui ont donc l’occasion de comparer les innovations proposées à l’étranger et pourraient aussi tirer profit d’applications mobiles.

Le client de banques privées est friand de nouvelles technologies.

Denis Costermans, EY Luxembourg

Risque-t-on d’assister à la fin du modèle de la banque privée, basée sur le conseil en face à face dans des salons feutrés? «Le monde bancaire traditionnel ne va pas disparaître mais doit évoluer parce qu’il y a des nouveaux entrants», estiment les deux consultants. Comment? En développant, par exemple, de nouveaux outils d’interaction avec le client tels que des chats, des vidéo-conférences ou des possibilités de contact plus faciles avec les conseillers.

Certains avancent plus que d’autres. L’étude montre ainsi que le secteur du wealth management à Singapour est plus réceptif aux évolutions technologiques qu’au Luxembourg et en Suisse où l’intérêt pour des investissements dans les médias sociaux et le cloud computing reste proche de zéro. Or, quand on constate qu’aujourd’hui certains investisseurs suivent plus facilement les conseils d’anonymes sur des plateformes en ligne d’investissement financier que leur conseiller attitré, le secteur a-t-il encore le droit aux tergiversations?