Le Statec observe une baisse globale de la productivité des entreprises, qui touche plus particulièrement le secteur de l’ICT. (Photo: Shutterstock)

Le Statec observe une baisse globale de la productivité des entreprises, qui touche plus particulièrement le secteur de l’ICT. (Photo: Shutterstock)

Ils semblent bien loin les 4,5% de croissance pour 2018 annoncés au mois de décembre dernier par le Statec. Après avoir revu ses prévisions à la baisse une première fois au mois de juin, passant à 4%, le bureau de statistique luxembourgeois vient de nouveau de diminuer ce pourcentage.

Dans sa seconde note de conjoncture de l’année, présentée mardi, l’institution prévoit en effet une hausse du PIB national de 3% cette année, tout comme en 2019. «La marge d’erreur entourant cette prévision est bien plus importante qu’à l’accoutumée», précisent toutefois les responsables du Statec.

Un ralentissement en trompe-l’œil

«Si l’on procède à une analyse plus détaillée des chiffres, on s’aperçoit que ce ralentissement est davantage de nature technique que conjoncturelle», indique toutefois Bastien Larue, chef d’unité du département Conjoncture au Statec.

Ce changement de prévision s’appuierait en effet sur des opérations exceptionnelles de certaines grosses entreprises, «majoritairement des multinationales», qui auraient eu un impact négatif sur leur rentabilité. Et plus particulièrement dans la branche des services ICT.

Le ralentissement n’est pas un mouvement d’ensemble.

Bastien Larue, chef d’unité du département Conjoncture au Statec

«Mais le ralentissement n’est pas un mouvement d’ensemble», tient à préciser Bastien Larue. Et d’appuyer cette affirmation en citant le dynamisme du marché du travail, qui affiche une croissance de l’emploi ainsi qu'une diminution du chômage «qui devrait se poursuivre» pour atteindre les 5,2% de la population active en 2019.

La confiance des entreprises et des ménages est, elle aussi, à un niveau historiquement élevé. Alors que les finances publiques se trouvent dans une situation très favorable. Les impôts encaissés durant les 10 premiers mois de l’année ont en effet connu une progression de 9,5% sur un an.

Une inflation qui grimpe

La situation n’est toutefois pas entièrement rose et de nombreuses incertitudes demeurent, notamment du fait d’un contexte international instable. La zone euro, comme la majorité des autres économies avancées, enregistre un ralentissement notable de sa croissance. Celle-ci devrait passer de 2,5% en 2017 à 1,7% en 2019.

Seuls les États-Unis font figure d’exception, mais leur croissance se base sur une politique budgétaire hasardeuse, qui pourrait à terme se retourner contre eux.

Au niveau national, la bonne dynamique de l’économie et de l’emploi balance avec une inflation en hausse. Celle-ci devrait même frôler les 2% en 2019. La validation de la tranche indiciaire au mois d’août et le renchérissement des prix du pétrole sont les principales causes de son augmentation ces derniers mois. Mais à plus long terme, le Statec observe une inflation sous-jacente qu’il faudra surveiller.

Une productivité en diminution

Un autre phénomène qui interroge le bureau de statistique luxembourgeois est la baisse de la productivité. La valeur ajoutée créée par les entreprises depuis le début de l’année a été inférieure à l’augmentation de l’emploi. Autrement dit, il a fallu plus de personnes pour engendrer la même croissance.

Ce phénomène est particulièrement saisissable dans la branche des services non financiers où le nombre d’emplois a augmenté de 4,6% au 1er semestre, alors que la valeur ajoutée en volume a connu une hausse de seulement 2,3%. «Cette tendance s’observe très nettement dans les services ICT», ajoute Bastien Larue.