Pour Philippe Ledent (ING), la situation économique mondiale s'améliore mais des menaces politiques continuent de peser. (Photo: ING Luxembourg)

Pour Philippe Ledent (ING), la situation économique mondiale s'améliore mais des menaces politiques continuent de peser. (Photo: ING Luxembourg)

L’année 2017, que les économistes estimaient de tous les dangers, rend peu à peu son verdict. Les élections aux Pays-Bas et en France ont donné les résultats espérés par les Démocrates de tous bords, alors qu’aux États-Unis, Donald Trump, entre deux décisions aptes à semer le chaos, tarde à concrétiser ses promesses.

Pour Philippe Ledent, l’économiste senior d’ING Belgique et Luxembourg, venu présenter ses perspectives d’investissement au siège luxembourgeois de la banque, ce jeudi en soirée, la situation est donc relativement rassurante. «Même si le risque politique continue de peser sur une situation économique globale qui s’améliore.»

C’est en effet son premier constat: malgré les différentes secousses politiques, vécues ou craintes, la conjoncture globale continue de s’améliorer. «L’économie mondiale est plutôt sur la bonne voie et peu d’éléments sont là pour laisser croire à un retournement du cycle mondial.»

Le risque politique

Passant en revue les différentes zones économiques stratégiques de la planète, l’économiste observe, aux États-Unis, une progression de la croissance qui reste intéressante malgré un premier trimestre mitigé – ce qui est en train de devenir une constante. «Le marché du travail se porte bien et la confiance des ménages et des entreprises demeure à des niveaux élevés.»

Restent quand même les zones d’incertitudes liées à l’imprévisibilité du nouveau président et à la concrétisation de ses promesses électorales. «Il a proposé des mesures qui devraient favoriser la croissance. Pour l’instant, la confiance reste de mise, note Philippe Ledent, mais la situation se retourne lentement. Si les citoyens américains ne voient rien venir, il existe un risque de déception.»

La santé de la zone euro s’améliore mois après mois. La croissance a atteint 0,5% au premier trimestre et la confiance s’améliore. «Il reste des incertitudes politiques, mais l’élection d’Emmanuel Macron en France, au-delà du fait qu’elle élimine la menace extrémiste, pourrait aussi redonner de la vigueur au projet européen.»

L’élection d’Emmanuel Macron pourrait redonner de la vigueur au projet européen.

Philippe Ledent, économiste senior ING 

Parmi les risques potentiels, il pointe cependant l’échéance des législatives en France – qui permettront au nouveau président d’avancer ou pas – et un scrutin en Italie qui pourrait se tenir début 2018. Un pays dont l’économie est à la traîne, où plusieurs partis surfent sur le sentiment anti-européen et où des menaces pèsent encore lourdement sur le secteur bancaire.

Concernant le Royaume-Uni, ce ne sont pas les élections de juin qui l’inquiètent, mais le très probable lancement des négociations qui suivra. «C’est une phase qui risque d’être ardue et de peser sur les nombreuses entreprises du Benelux qui ont un taux d’activité élevé en lien avec le Royaume-Uni.»

Un mot enfin sur la politique de la Banque centrale européenne qu’il n’imagine pas relever les taux dans l’immédiat. «C’est logique, explique l’économiste senior d’ING, il n’y a pas de terreau d’inflation en zone euro actuellement. Contrairement aux États-Unis, le marché de l’emploi n’est pas tendu, on ne connaît donc pas de pression à la hausse sur les salaires.»

Selon son analyse, il ne faut rien attendre avant, au minimum, le second semestre 2018. Mais, précise-t-il, les taux longs qui anticiperont ce mouvement pourraient commencer à remonter un peu plus rapidement. «Mais à des niveaux qui resteront historiquement bas.»