La télévision semble conserver une certaine sacralité aux yeux du président de la République française qui a choisi, après plusieurs jours de silence en pleine crise, de s’exprimer par ce canal lundi soir.  (Photo: capture d'écran / TF1)

La télévision semble conserver une certaine sacralité aux yeux du président de la République française qui a choisi, après plusieurs jours de silence en pleine crise, de s’exprimer par ce canal lundi soir.  (Photo: capture d'écran / TF1)

À l’heure de la communication à tout va via les réseaux sociaux, la télévision semble conserver une certaine sacralité aux yeux du président de la République française qui a choisi, après plusieurs jours de silence en pleine crise, de s’exprimer par ce canal lundi soir. 

L’adresse à la Nation d’Emmanuel Macron était très attendue dans le contexte social et de violence connu depuis le 17 novembre, date de la première manifestation structurée de ce mouvement des «gilets jaunes».

C’est un président rappelant son rôle de chef de l’État qui a d’abord pris la parole, indiquant qu’«aucune colère ne justifie qu’on s’attaque à un policier, qu’on dégrade un édifice public»; «le calme et l’ordre républicain doivent régner. Nous y mettrons tous les moyens.» 

Un président reconnaissant des erreurs est également apparu à l’écran durant 13 minutes, parlant d’une colère, d’une indignation qu’il ressent comme «juste à bien des égards». Une détresse exprimée par certains «qui ne date pas d’hier, mais nous avions fini lâchement par nous y habituer». «Cela vient de très loin, mais c’est là, maintenant.»

Et d’ajouter que la réponse n’a peut-être pas été aussi rapide que souhaité depuis son élection: «Je prends ma part de responsabilité», s’excusant s’il est arrivé de «blesser certains par mes propos».

Des annonces accueillies froidement 

Emmanuel Macron a aussi profité de cette intervention pour mentionner que d’autres pays vivaient pareille crise, qu’il s’était justement battu pour bousculer le système politique en place: «Nous sommes à un moment historique pour notre pays. Par le dialogue, le respect, l’engagement, nous réussirons.» «Mon seul souci c’est vous, mon seul combat, c’est pour vous.»

Les «gilets jaunes» attendaient des mesures concrètes de la part du chef de l’État. Quatre ont été annoncées:

  • Le Smic (salaire social minimum) sera augmenté dès le 1er janvier 2019 de 100 euros par mois, sans que l’employeur doive mettre la main à la poche;
  • Les heures supplémentaires seront payées sans impôt ni charges dès 2019;
  • Tous les employeurs qui le peuvent sont invités à verser une prime de fin d’année, exonérée d’impôt et de charges;
  • Les retraités qui gagnent moins de 2.000 euros par mois ne devront pas s’acquitter d’une hausse de la CSG (la Contribution sociale généralisée, un impôt destiné à participer au financement de la protection sociale), un «effort trop important et pas juste».

Invitant le gouvernement à poursuivre les efforts de réforme, enjoignant élus locaux et population à participer à la transformation du pays, Emmanuel Macron veut continuer à se projeter vers une France renouvelée.

<blockquote class="twitter-tweet" data-lang="en"><p lang="fr" dir="ltr">Vous aurez votre part dans le débat national. <a href="https://t.co/wLyBXEWqg1">pic.twitter.com/wLyBXEWqg1</a></p>&mdash; Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) <a href="https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1072211552974094338?ref_src=twsrc%5Etfw">December 10, 2018</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>

Les commentaires des leaders de l’opposition politique et les réactions recueillies auprès des «gilets jaunes» sur les chaînes d’information ont montré l’ampleur du chantier qu’il reste à Emmanuel Macron, voire la difficulté structurelle de gouverner son pays.