Vincent Hein: «Il faudrait une vraie stratégie globale pour faire apparaître le Luxembourg sur la carte, car il y a un potentiel énorme.» (Photo: Fondation Idea / archives)

Vincent Hein: «Il faudrait une vraie stratégie globale pour faire apparaître le Luxembourg sur la carte, car il y a un potentiel énorme.» (Photo: Fondation Idea / archives)

Les élections législatives approchant, la Fondation Idea a lancé une série de cahiers thématiques à destination des partis, candidats et futurs élus, avec des propositions concrètes, dont ils pourraient, selon le think tank, s’inspirer dans leurs programmes. Après des cahiers consacrés au logement et à l’Europe, place à la R&D et à l’innovation. «Les investissements dans la recherche et développement ont tendance à se tasser dans le secteur privé au Luxembourg ou du moins à augmenter moins vite qu’à l’échelle de l’Union européenne», explique Vincent Hein, économiste et auteur de la publication.

«Dans le cadre des objectifs 'Europe 2020', le pays s’est fixé pour ambition de tirer les dépenses R&D à un niveau compris entre 2,3% et 2,6% du PIB à l’horizon 2020, dont le tiers par le secteur public. Mais on en est encore loin. Les dépenses de R&D (public + privé) représentaient 1,24% du PIB en 2016, un niveau équivalent en pourcentage à celui de 2012, qui classe le pays au 15e rang de l’UE.» L’industrie, qui pèse 6% du PIB luxembourgeois, concentre plus de 60% des dépenses de R&D.

Une stratégie globale

Pour y remédier, la Fondation Idea propose trois grandes approches: des mesures concrètes pour soutenir la R&D et l’innovation dans les entreprises, l’élaboration d’une stratégie d’excellence et de valorisation de la recherche publique luxembourgeoise et, enfin, le renforcement des liens entre les secteurs public et privé. «Il faudrait, par exemple, mettre en place, comme cela se fait dans d’autres pays européens, un crédit d’impôt recherche», précise Vincent Hein. Cela représenterait des aides «d’environ 70 millions d’euros par an dans une fourchette haute». Un certain nombre de «garde-fous» devraient toutefois être étudiés, selon l’économiste de la Fondation Idea, notamment «en raison de l’impossibilité réglementaire d’exclure les dépenses de R&D réalisées en dehors du territoire luxembourgeois au vu du droit européen et compte tenu de la forte intégration des entreprises présentes dans le pays aux chaînes de valeur internationales».

«Chèques innovation»

S’inspirant du Fit4Digital, le think tank propose de créer des «chèques innovation» sous forme d’aides directes, dans les domaines de l’efficacité énergétique, de la mobilité durable, de l’économie circulaire et de l’économie créative (en plus du digital). «Le dispositif leur offrirait une aide de 5.000€ pour couvrir les frais d’un premier diagnostic. Luxinnovation pourrait apporter son expertise dans l’élaboration du cahier des charges, l’accompagnement du travail des consultants avec les PME et l’identification des prestataires de services adéquats. Des dispositifs d’aide sont déjà en place, mais ici, l’idée est vraiment d’aller chercher les entreprises», appuie Vincent Hein. L’objectif serait également d’attirer des nouveaux centres de R&D au Luxembourg, comme c’est le cas pour Goodyear.

En matière de recherche publique, «il s’est passé quelque chose de très positif depuis deux décennies, un certain rattrapage de l’intensité des aides publiques, notamment avec la constitution des Luxembourg Institutes (autrefois centres de recherche publique, ndlr). Mais il faudrait une vraie stratégie globale pour faire apparaître le Luxembourg sur la carte, car il y a un potentiel énorme. Et il ne faut pas oublier que le système de recherche au Luxembourg n’en est qu’à ses prémices.»