Six jeunes réfugiés racontent leur vie et leur parcours. (Photos: Tarantula)

Six jeunes réfugiés racontent leur vie et leur parcours. (Photos: Tarantula)

Yunus avait 13 ans quand il a fui l’Afghanistan avec ses parents. Au terme d’un parcours de neuf mois, pendant lesquels il perd sa famille, il arrive à Luxembourg, la veille de Noël 2008, seul.

Anna est arrivée de Syrie il y a deux ans, avec son petit frère et ses parents, par camion. Elle s’émeut encore de ne pas voir de sang sur nos trottoirs.

Eko et sa famille étaient au Luxembourg depuis deux ans quand ils ont dû partir. Arrestation, centre de détention, avion. Leur vie dans le Monténégro aujourd’hui est pire qu’avant leur départ.

Milena a 18 ans, elle est en classe paramédicale, elle est l’une des meilleurs élèves. Cette Kosovare est arrivée il y a cinq ans et attend toujours son autorisation de séjour.

Rijad est issu de la minorité musulmane du Monténégro. Après 10 ans de vie sans papiers, il y est retourné et étudie le droit. Il a 22 ans et a laissé sa famille au Luxembourg.

Dzemil est beau et fragile. À 18 ans, il est scolarisé à Luxembourg et vit avec sa mère dans un foyer pour demandeurs d’asile. Il espère ne plus jamais retourner au Monténégro.

Ce sont six histoires, six parcours intimes que raconte «Mos Stellarium». Le film de Karolina Markiewicz et Pascal Piron suit ces jeunes dans leurs souvenirs et le récit de leur existence, ici et ailleurs. Ces destins font d’eux des jeunes adultes accidentés mais dignes.

Une constellation de parcours

Les réalisateurs sont professeurs et travaillent dans des classes d’intégration. «De nombreux élèves, demandeurs d’asile, avaient le souhait de se confier, de raconter leur parcours et leur situation. Avec leur autorisation, je notais les différentes histoires et les revoyais au besoin, régulièrement», commence Karolina Markiewicz. Voulant aller plus loin, elle réalise, en 2014, un documentaire, «Les Formidables», déjà avec Pascal Piron.

«Mos Stellarium» poursuit ce travail avec une approche poétique qui part de l’individu – on le présente à travers différents éléments physiques isolés (gros plan d’un œil, d’une oreille, d’une bouche, de mains, de cheveux...) – pour aller vers l’universalité du contexte.

Le titre «Mos Stellarium» signifie «mœurs des constellations», il est en lien avec le nom d’une action policière européenne, Mos Maiorum. Action à travers laquelle les autorités ont tenté de retracer les parcours et les filaires des passeurs, mais au cours de laquelle de nombreux demandeurs d’asile ont été renvoyés dans leur pays d’origine.

Ce projet avait été invité par le Kunstverein Schichtwechsel de Liechtenstein, qui a présenté une installation vidéo sur quatre écrans, composée d’extraits du film. Cette même installation représente le Liechtenstein à la Biennale d’art contemporain de Venise cet automne 2015. Pour l’installation, un lien est établi d’une part entre les migrants et les étoiles, comme éléments isolés et d'autre part entre leurs parcours, celui des migrants et les images stellaires.

Le film, produit par Tarantula, sortira en salle le 11 novembre. L’avant-première, ce soir à 19h au Cercle Cité, est destinée à collecter des dons au profit de Caritas Luxembourg pour les classes passerelles. Ces classes accueillent des jeunes principalement d’origine étrangère et leur proposent des cours de français, de luxembourgeois, d’instruction civique, d’information, de mathématiques, mais aussi des cours de remise à niveau et des cours spécialisés, comme l’alphabétisation.