«J’ai décidé de cofonder Passerell après avoir noué une amitié avec un demandeur d’asile en 2012», déclare Cassie Adélaïde. (Photo: Sven  Becker)

«J’ai décidé de cofonder Passerell après avoir noué une amitié avec un demandeur d’asile en 2012», déclare Cassie Adélaïde. (Photo: Sven Becker)

Comment êtes-vous passée du milieu de la finance à celui de la prise en charge de réfugiés?

Cassie Adélaïde. – «J’ai décidé de cofonder Passerell après avoir noué une amitié avec un demandeur d’asile en 2012. Je l’ai aidé à réaliser certaines démarches en matière de logement et de regroupement familial notamment. Au fil des années, j’ai eu envie de créer une structure concrète pour contribuer à l’intégration des demandeurs d’asile.

Votre association travaille sur deux axes: la socialisation et l’accompagnement juridique des demandeurs d’asile…

«Effectivement. Notre cellule de veille et d’action juridique appelée ‘Pink Paper’ s’occupe de résoudre tous les problèmes en matière juridique. Nous travaillons avec un réseau de 20 juristes bénévoles. Notre programme ‘Civis’, quant à lui, met en lien des citoyens luxembourgeois et des demandeurs d’asile. Ils passent une heure ensemble par semaine. Ils échangent. Le but est vraiment de focaliser cet instant privilégié sur des activités positives, comme découvrir la ville, apprendre une langue.

Il y a presque toujours un drame de vie.

Cassie Adélaïde, cofondatrice de l’association Passerell

Ces échanges entre citoyens et demandeurs d’asile sont-ils porteurs?

«Absolument. Nous constatons que ces rencontres fonctionnent très bien. Au fil des échanges, les citoyens se rendent compte à quel point ils ont des points en commun avec ces personnes, et qu’au fond, tout le monde est en quête de bonheur, de sécurité et de stabilité dans la vie.

Quels constats tirez-vous sur le terrain?

«Les dossiers que nous traitons au sein de l’asbl Passerell sont lourds humainement. Je pense par exemple aux personnes déboutées et considérées bien souvent par l’opinion publique comme des migrants ‘économiques’. Or, derrière ces êtres humains, il y a presque toujours un drame de vie. C’est le cas de plusieurs orphelins, laissés pour compte dans leur pays d’origine, où la structure sociale ne prévoit pas de prise en charge. L’accueil du Luxembourg leur permet parfois une renaissance qui prend parfois fin avec une réponse négative, car leurs histoires ne correspondent pas aux critères de la Convention de Genève.

Nous espérons qu’un jour, le Luxembourg reconnaîtra le manque de fiabilité des examens médicaux pour la détermination de l’âge.

Cassie Adélaïde, cofondatrice de l’association Passerell

Que peut-on améliorer en termes de procédure d’asile au Luxembourg?

«Nous espérons qu’un jour, un demandeur d’asile pourra saisir un médecin pour faire reconnaître des traces de torture, sans que cela soit à ses frais; que le Luxembourg reconnaîtra le manque de fiabilité des examens médicaux pour la détermination de l’âge, notamment l’examen des parties génitales infligé à des personnes venues demander la protection.

Vous avez eu récemment l’opportunité de témoigner dans le film «Grand H» sur le sort des demandeurs d’asile. Un documentaire signé Frédérique Buck, tourné au Luxembourg et sorti au cinéma le 10 octobre dernier…

«Oui, c’était une première expérience cinématographique pour moi. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Néanmoins, j’ai été très touchée par le film, notamment par les témoignages de ces femmes qui ont hébergé des demandeurs d’asile au sein de leur domicile.

Vous apparaissez également dans le teaser…

«J’y apparais très émue, certes, mais je suis quelqu’un de très déterminé.»