Pete Hoffmann, gérant d'Electris, Martin Wienands, chef de service d'Electris, Frédéric-Michael Foeteler, fondateur d'Estonteco (Photo : Estonteco)

Pete Hoffmann, gérant d'Electris, Martin Wienands, chef de service d'Electris, Frédéric-Michael Foeteler, fondateur d'Estonteco (Photo : Estonteco)

L’électromobilité est dans l’air du temps et au cœur de nombreux projets de constructeurs automobiles. Aujourd’hui, la technologie est mature, les véhicules peuvent être achetés et circuler sur les routes. L’infrastructure pour le rechargement de ces véhicules fonctionnant à l’électricité, toutefois, fait encore quelque peu défaut.

Ce mardi, la start-up spécialisée dans l’innovation durable Estonteco et le fournisseur d'électricité Electris ont présenté la solution qu’ils ont mise au point pendant deux années de travail et qu’ils désirent défendre pour le développement d’un réseau de bornes efficient au Luxembourg. « D’ici 2020, le gouvernement luxembourgeois prévoit qu’il y aura 40.000 véhicules électriques en circulation sur le territoire. Or, on sait aujourd’hui que ces véhicules auront une autonomie d’environ 150 km et qu’il faudra compter entre 10 minutes, avec des bornes de rechargement intelligentes et rapides, et six heures, avec des bornes domestiques, pour les recharger complètement, a commenté Frédéric-Michael Foeteler, gérant de la start-up Estonteco. Ce n’est qu’avec des solutions permettant aux utilisateurs de recharger de manière efficace ce type de véhicules que l’on pourra convaincre les navetteurs de recourir à ce mode de mobilité plus respectueux de l’environnement. »

Liberté de mouvement

Estonteco et Electris défendent l’idée qu’il faut pouvoir déployer un réseau de bornes de rechargement ouvertes et interconnectées, à partir desquelles l’ensemble des utilisateurs, peu importe leur origine, pourront recharger leur véhicule, quel que soit le fournisseur d’électricité qui l’alimente. Ensemble, ils ont rassemblé les technologies existantes pour proposer une solution interopérable. « L’utilisateur voudra pouvoir recharger son véhicule au moment où il en a besoin, en fonction de sa situation, sans devoir forcément être attaché à un fournisseur particulier suivant un contrat, assure Frédéric-Michael Foeteler. L’idée que nous défendons, à travers le concept Open Charge Point, est de raccorder l’ensemble des stations de chargement des fournisseurs établis en Europe à un centre de gestion. Ce dernier sera en mesure de contrôler, en permanence, le paysage global, parfois hétérogène, de bornes et les données des conducteurs de voitures et de deux-roues électriques du monde entier souhaitant utiliser cette infrastructure. » Il suffit pour cela que ces utilisateurs disposent d’une carte d'identification, recelant une série d’informations sur l'utilisateur. Cette carte peut être délivrée par un fournisseur d’électricité mais serait utilisable sur toutes les bornes, peu importe celui qui délivre le courant électrique. Nombre de Luxembourgeois utilisent déjà ces cartes, pour l’utilisation des transports en commun notamment. Ces dernières suffisent à leur identification auprès des bornes de rechargement. Il n’est ainsi pas utile de les multiplier.

Estonteco, en tant que gestionnaire du réseau de bornes et des services qui y sont attachés, serait chargé de s’assurer de l’identité de la personne qui utilise le service et de gérer les transactions/facturations entre le fournisseur et l’utilisateur. « Avec la solution que nous proposons, ce dernier sera d’ailleurs en mesure de vérifier en ligne, via notre système, sa consommation électrique à tout moment », enchérit M. Foeteler.
L’avantage de la formule est de garantir une liberté de mouvement à l’utilisateur, de lui apporter une flexibilité totale quand vient le moment de recharger son véhicule.

Éviter un nouveau monopole

Il faudra encore convaincre les différents fournisseurs d’électricité, et notamment ceux qui ont en tête de développer leur propre réseau, d’adhérer à ce système, tant à l’échelle nationale que régionale et, à moyen terme, européenne. Avec ce système, dans la perspective de l’établissement d’un réseau de bornes de rechargement national, suite à un appel d’offres émanant du gouvernement que Estonteco pressent, on permettrait aux consommateurs de choisir librement. « On a libéralisé le marché de fourniture en électricité il y a quelques années. Il ne faudrait pas, aujourd’hui, revenir à une situation de monopole par ailleurs », explique Frédéric-Michael Foeteler. L'utilisation de protocoles et processus normalisés doit empêcher globalement la dépendance unilatérale des fournisseurs technologiques et permet, tant aux propriétaires de parkings (État, communes, commerçants...) qu'aux exploitants d'infrastructures de chargement, la mise en œuvre constante de techniques fonctionnelles et peu onéreuses à travers des bornes. »