Promettant un prix fixe, Transline Tours a suscité l’enthousiasme de ses clients, principalement des Portugais passant leurs vacances sur la péninsule ibérique. Ils sont tombés de haut. (Photo: Licence CC)

Promettant un prix fixe, Transline Tours a suscité l’enthousiasme de ses clients, principalement des Portugais passant leurs vacances sur la péninsule ibérique. Ils sont tombés de haut. (Photo: Licence CC)

Ça se bousculait mardi matin au fond de la salle TL 1.04 du tribunal d’arrondissement. Une quarantaine de personnes attendaient en effet leur tour pour se présenter aux juges et se constituer partie civile dans une affaire qui remonte à 2013. Il faudra deux heures au tribunal pour vérifier et enregistrer chacune d’elle.

Retour en 2013. L’agence de voyages Transline Tours, située à Howald, existe depuis juillet 2012 et va faire une percée tonitruante. En janvier 2013, affiches et prospectus sont distribués en nombre afin d’attirer les clients, en particulier portugais, avec une offre alléchante: un vol aller-retour pour Porto ou Lisbonne à 295 euros à plusieurs dates entre juillet et septembre 2013. Un prix imbattable – la police judiciaire estime le prix moyen pratiqué par la concurrence à un peu moins de 500 euros –, d’autant que le billet donne droit à 23kg de bagages par passager. La campagne est un succès avec 569 billets vendus en quelques jours. 

La charrette avant les bœufs

Sauf que les clients n’ont jamais pu prendre les vols payés. Thomas M., gérant de Transline Tours à l’époque, a en effet commis l’imprudence de commercialiser des billets d’avion avant tout accord avec une compagnie aérienne. S’il a manifestement multiplié les démarches pour trouver une compagnie, les 20 offres reçues s’établissaient toutes en dessous du prix canon auquel il avait déjà vendu ses billets. Comme le dit l’enquêtrice de la police judiciaire à la barre, Transline Tours a pour le moins mis la charrette avant les bœufs. Certains clients avaient d’ailleurs déjà senti l’entourloupe quelques semaines après leur achat, s’étonnant de ne pas recevoir les coordonnées précises de leurs vols.

Devant l’impossibilité de trouver un accord avec une compagnie aérienne, Transline Tours a envoyé un courrier à ses clients en juin 2013, prétextant la prétendue faillite de la compagnie charter qui devait assurer les vols pour expliquer l’annulation pure et simple des vols et donc des billets. Ceux-ci devaient leur être remboursés - sachant que la société avait pris soin d’ajouter une clause éteignant toute poursuite contre elle une fois le remboursement accepté par le client.

Au final, une petite partie des clients a effectivement reçu un remboursement, mais qui ne couvre que la moitié des sommes versées. Les 123 victimes identifiées lors de l'enquête déclarent un préjudice de 76.000 euros. Certaines réclament les intérêts et le remboursement des billets d’avion qu’elles ont dû acheter à la dernière minute et donc au prix fort pour partir au Portugal. 

C’est à une société disparue qu’elles s’attaquent, puisque Transline Tours a été déclarée en faillite le 20 mai 2015. L’accusation porte donc aussi sur l’ex-gérant Thomas M., défendu par Me Benoît Entringer, ainsi que Jeannot B., son ancien conseil juridique, qui n’aurait pas dû se présenter comme tel puisqu’il a été interdit à vie d’exercer la profession d’avocat en 2008. L’Ordre des avocats s’est d’ailleurs constitué partie civile dans l’affaire. L’ancien avocat est défendu par Me Philippe Penning.

Le procès devant la 18e chambre se poursuit mercredi avec l’audition des prévenus.