La une du dernier numéro du Feierkrop, sorti aujourd’hui. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

La une du dernier numéro du Feierkrop, sorti aujourd’hui. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

«Nous étions vraiment surtout des anarchistes et riions de nos propres blagues. Le principe des débuts était: tout le monde est libre de faire ce qu’il veut.» 

À l’occasion de la dernière parution de l’hebdomadaire Den neie Feierkrop, un de ses fondateurs, Jacques Drescher, revient dans l’édition de ce vendredi du d’Lëtzebuerger Land sur l’aventure du journal satirique, qui aura durablement marqué le paysage médiatique luxembourgeois.

Une plongée dans l’histoire de l’hebdomadaire qui a donné naissance à une coopérative qui, quant à elle, continuera à fonctionner pour d’autres publications. 

Évoquant avec nos confrères la disparition de Jean-Michel Treinen, de René Clesse, et le fait que les autres membres fondateurs sont à la retraite, Jacques Drescher tourne la page en ayant préparé cette fin et surtout en l’ayant annoncée à ses lecteurs en début d’année.

Un rendez-vous hebdomadaire

«Il y a certes eu un effet d’érosion dans notre équipe. Et puis, il y a eu des problèmes qui frappent toute la presse, comme le fait que les jeunes ne lisent plus du tout de journaux», répond Jacques Drescher sur les raisons de l’arrêt du titre qui comptait tout de même 17.400 lecteurs de plus de 15 ans (3,4% de la population) selon le dernier sondage TNS Ilres Plurimedia 2018. II est paru en septembre dernier. 

Un rendez-vous hebdomadaire dont la résonnance s’étendait bien au-delà de ces chiffres, mais que le cofondateur ne se voyait pas transcrire en digital, explique-t-il au Land: «Si j’avais 20 ans de moins, j’aurais opté pour ce renouvellement en inventant un Krop numérique.» 

«Nous ne sommes pas populistes, nous sommes populaires»

À l’occasion des 10 ans de Den neie Feierkrop, Paperjam avait rencontré une partie de l’équipe de l’hebdo: René Clesse, Jacques Drescher, Guy W. Stoos et Christian Schubert.

Expression de gauche ou ambiguïté populiste dans les textes et les nombreuses caricatures? La question avait été posée dans cet entretien truculent. La réponse prend une certaine saveur à la lecture de la dernière campagne électorale: «Nous ne sommes pas populistes, nous sommes populaires! Charlie Hebdo aussi a des titres racoleurs! Il faut bien définir le terme de populiste. L’ADR est un parti populiste. Il est de droite, il tente de plaire au peuple, mais il est dirigé contre lui, contre les femmes, contre les immigrés. Lui est populiste.»

Relire l’entretien paru sur Paperjam.lu à l’occasion des 10 ans du Den neie Feierkrop.

Si la parution s’arrête, Jacques Drescher continue à décocher des flèches contre les politiques et tout signe de prédominance cléricale dans la société.

Comme ce vendredi dans le d’Lëtzebuerger Land: «Quand nous avons commencé, les quotidiens étaient encore tous les organes officiels des partis. On a pu constater une certaine ouverture idéologique – à l’exception du Luxemburger Wort, où Luc Frieden (CSV) opère une véritable reprise en main en ce moment – et une professionnalisation visible.»