Déi Liberal débarque sur la scène politique, plein de bonnes intentions: celles de ramener le DP, auquel ses membres restent apparentés, à ses origines libérales et l’empêcher de basculer dans la dérive sociale-démocrate. Ses sympathisants ne désespèrent pas de pouvoir aussi peser sur la ligne politique du CSV, du moins sa frange la plus à droite, et pourquoi pas aussi d’autres partis de l’échiquier luxembourgeois.
Ils sont pour l’heure une douzaine de membres de ce club qui se veut sélectif à revendiquer «moins d’État» et davantage de liberté et à fustiger, c’est un de leurs dadas, la politique monétaire de la Banque centrale européenne de Mario Draghi.
Une vingtaine de membres devraient bientôt renforcer les rangs, selon ses fondateurs - cinq hommes - qui se sont présentés vendredi à la presse.
Claude Hemmer, leur chef de file et doyen (64 ans, haut fonctionnaire), Alen Alomerovic (27 ans, employé), Laurent Heisten (26 ans, doctorant en droit), Robert Mines (29 ans, avocat) et Georges Reckinger (51 ans, artisan), alignés devant une table, ont ainsi présenté leur feuille de route. Ils se retrouveront le 8 juillet prochain lors d’un premier meeting de l’organisation. Ce sera d’ailleurs une épreuve du feu pour tester l’attractivité de leurs idées auprès du public, alors qu'ils n’ont pas encore recruté de sympathisants
Ni fanatiques ni utopistes
Idéologiquement, Déi Liberal se situe dans la ligne de l’école autrichienne d’économie nationale dont le principal théoricien est un certain Heinrich Von Hayek, qui fut prix Nobel d’économie en 1974. «Nous ne sommes pas des fanatiques et encore moins des utopistes», a expliqué Robert Mines lors de la conférence de presse.
Déi Liberal entend utiliser la fenêtre de tir que représente la réforme de la Constitution, actuellement sur le métier, pour faire valoir ses vues sur la liberté des individus dans un État minimaliste, estimant que ces libertés inscrites dans le texte fondamental, notamment le droit de propriété, ne vont pas assez loin.
Je veux que le DP se rappelle de ses origines libérales.
Robert Mines, membre fondateur Déi Liberal
L’heure est au test de terrain et à l’exercice d’influence pour ces (encore) encartés du DP dont ils espèrent faire bouger les lignes. «Je veux rester membre du DP, je veux me battre au sein du DP, mais je veux aussi que le DP commence à écouter et se rappelle de ses origines libérales», assure le jeune avocat.
Pas question, dans l’immédiat, de songer à présenter une liste électorale et faire sécession. Toutefois, le premier rendez-vous avec les électeurs, les communales de 2017, reste encore éloigné et les fondateurs de Déi Libéral n’excluent aucun scénario. «Est-ce qu’on va devenir un parti politique? On ne s’est pas réunis pour que notre travail ne porte aucun fruit et si on voit qu’on ne peut pas faire avancer les choses comme prévu, on réfléchira, le cas échéant, à présenter une liste», souligne Robert Mines. «Nous sommes un groupement politique, c’est très clair, mais qui n’a pas pour l’instant l’ambition de présenter une liste», ajoute M. Mines.
La Grèce? Un État du tiers monde
Xavier Bettel, Premier ministre et président du DP, a-t-il perdu de vue ses repères? «Ça va plus loin que Xavier Bettel seul», juge Mines, pour lequel l’évolution idéologique d’un DP flirtant avec les valeurs d’un parti social-démocrate ne date pas d’hier, «elle devient seulement de plus en plus flagrante».
Déi Liberal a une position bien arrêtée sur la politique monétaire de la BCE, qui pourrait conduire à la ruine du système social et des pensions, et l’euro, présenté comme une monnaie «fantaisiste» car ne s’appuyant sur aucune valeur économique réelle.
La Grèce est un trou sans fond.
Robert Mines, membre fondateur Déi Liberal
Les animateurs du mouvement ne s’entourent pas de précautions oratoires sur le scénario du Grexit, la sortie de la Grèce de la zone euro: «La Grèce», souligne Robert Mines, «est un trou sans fonds. C’est un État, qui au niveau de son organisation, ressemble plus à un État du tiers monde, qui a une culture de corruption byzantine. Il n’y a aucune volonté dans ce pays de faire la moindre réforme». Céder au chantage du gouvernement grec actuel aurait un effet d’entraînement sur d’autres mouvements extrémistes en Europe et ferait le lit de partis comme le Front national, soutient Déi Liberal. La poursuite des investissements dans la Grèce est pour eux «une perte d’argent et une escroquerie au contribuable européen».