Représenté à la Chambre depuis 2009, avec un, puis deux élus depuis 2013, Déi Lénk entend poursuivre sa montée en puissance aux prochaines élections législatives. Si le parti qui se revendique de «la gauche authentique» juge «illusoire de penser obtenir la majorité absolue», il ambitionne tout de même de décrocher trois nouveaux sièges de députés au soir du 14 octobre. Et donc de pouvoir former un groupe parlementaire. «Cela nous permettrait d’influer vraiment sur l’évolution de la société et de contrer la droitisation généralisée des politiques menées ces dernières années», selon le député et tête de liste dans le Centre, David Wagner.
Pour atteindre cet objectif, Déi Lénk défend des mesures destinées à «relancer le progrès social», qui aurait été victime «du démantèlement progressif des acquis sociaux effectué par les partis traditionnels au cours des dernières décennies». Parmi les mesures phares figurent la volonté de mettre en place une semaine de 32 heures d’ici à 2030, la revalorisation de 16% du salaire social minimum ou une réduction de l’imposition des classes les plus pauvres et des classes moyennes via un renforcement de la taxation sur les entreprises.
Pour les thématiques incontournables de la campagne, comme le logement et la mobilité, le parti souligne «la nécessité de changement» par une reprise en main de l’État «afin d’éviter la catastrophe». Que ce soit l’instauration d’une taxe sur les habitations laissées vacantes mais aussi les terrains non utilisés et un rôle plus important accordé aux promoteurs publics ou la gratuité complète des transports. Une mesure estimée à 30 millions d’euros annuels. Des propositions qui rejoignent celles d’autres partis, comme le LSAP pour la taxation des logements vides ou le DP pour l’accès libre aux transports en commun.
Si nous sortons renforcés des législatives, cela signifie que le pays bénéficiera à l’avenir de services publics en nombre suffisant, de transports en commun qui fonctionnent.
David Wagner, député et tête de liste
Pourtant, si certains éléments de programme sont soutenus par d’autres, Déi Lénk assure «ne pas avoir d’allié politique à l’heure actuelle», socialistes et écologistes compris, tous étant présentés comme appartenant à «l’extrême centre» défendant des politiques différenciées «uniquement par des petites nuances». Preuve en serait le soutien apporté par la quasi-totalité de l’échiquier politique au développement de la place financière ou à la réforme de l’accès à la nationalité, née de l’échec du référendum de 2015. Déi Lénk, pour sa part, refuse de gouverner «dans un cadre politique dominé par le libéralisme économique».
Alors que certaines formations partageant la même vision de la société engrangent des résultats électoraux en Europe, comme le Labour dirigé par Jeremy Corbyn au Royaume-Uni ou les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon en France, la gauche radicale luxembourgeoise peine à décoller. Au niveau national, son score n’a, à ce jour, jamais dépassé la barre des 5% des suffrages exprimés. Lors des récentes élections communales, elle faisait mieux dans le Centre et le Sud: elle engrangeait 9,5% des voix à Esch-sur-Alzette et 6,7% à Luxembourg-ville.
«Si nous sortons renforcés des législatives, cela signifie que le pays bénéficiera à l’avenir de services publics en nombre suffisant, de transports en commun qui fonctionnent. Nous sortirons de la tutelle de la place financière et nous aurons d’autres rapports à la propriété pour avoir plus de pouvoir populaire», résume David Wagner. Et ce dernier de prévenir qu’en cas de maintien de la situation politique actuelle, «le Luxembourg risque d’aller au-devant de très gros problèmes, au même titre que l’ensemble de l’Europe, car malgré la richesse dont nous disposons, les infrastructures sont insuffisantes. Tout cela traduit l’échec de la politique menée depuis des décennies.»