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Au sein d’une Chambre des députés où ils occupent, à eux deux, cinq sièges, la question de la relève se pose davantage à l’ADR, dont les trois députés ont 51 (Roy Reding), 57 (Fernand Kartheiser) et 66 ans (Gast Gibéryen), alors que les deux représentants de la gauche ont moins de 40 ans: 38 pour Marc Baum et 37 pour David Wagner.

«Nous sommes tous les trois ouverts à laisser la place à des plus jeunes et nous les démarchons activement», explique Roy Reding, par ailleurs vice-président du parti. «Nous sommes du reste extrêmement présents auprès de la jeune population: d’après le rapport de l’Université du Luxembourg sur les dernières élections, nous avons une clientèle de base de 18% chez les primo-votants. Nous sommes le deuxième parti sur le segment des jeunes et très jeunes. Et certains jeunes du CSV réfléchissent à nous rejoindre.»

Au prochain conseil communal à Luxembourg-ville, je suis persuadé que quelqu’un de moins de 30 ans de l’ADR siégera

Roy Reding, vice-président de l'ADR

Lors des élections européennes de 2009 et 2014, l’ADR s’est régulièrement vanté d’avoir inscrit, sur ses listes, de jeunes candidats, «voire les plus jeunes», note M. Reding, qui indique que le tiers des participants à la dernière journée parlementaire du parti, début octobre, avait moins de 30 ans. «Au prochain conseil communal à Luxembourg-ville, je suis persuadé que quelqu’un de moins de 30 ans de l’ADR siégera.» Pas moins de six délégués de l’ADR ont fait le déplacement, fin septembre-début octobre, à Porto, pour le sommet des Jeunes conservateurs européens.

Le contenu prime

À l’autre extrémité de l’échiquier politique, les jeunes de Déi Lénk sont déjà dans la place. «Le sujet a été d’emblée traité dès la création du parti et intégré dans les statuts», rappelle Gary Diderich, un des deux porte-parole du parti de gauche. «Nous avons la conviction que la politique ne doit pas être uniquement faite par des experts et des personnes qui se construisent une carrière personnifiée. Elle doit être partagée au plus large et il doit donc y avoir un renouveau permanent en termes de personnes, davantage qu’en termes de programme.»

Nous n’avons pas encore de culture de la tête de liste

Gary Diderich, conseiller communal à Differdange et porte-parole Déi Lénk

Pas de cumul de responsabilités (entre député et échevin par exemple) ou encore changement d’élu à la moitié d’un mandat font partie des bases du fonctionnement de Déi Lénk. «Nous faisons en sorte en permanence d’impliquer les jeunes dans les groupes de travail au niveau de la coordination nationale. La moyenne d’âge y est d’environ 35 ans», complète Carole Thoma, l’autre porte-parole de la gauche.

C’est dans le Sud, région aux racines ouvrières traditionnellement plus marquées à gauche, que Déi Lénk ambitionne de gagner un siège supplémentaire lors des prochaines élections législatives. «Ce n’est pas un hasard si les deux porte-parole viennent de cette circonscription», indique M. Diderich. Auparavant, les élections communales donneront l’occasion au parti de se poser la question de la mise en avant de ses valeurs sûres et montantes. «Nous n’avons pas encore de culture de la tête de liste», explique M. Diderich. «Nos listes sont établies par ordre alphabétique. Pour nous, c’est d’abord le contenu qui prime. Mais il est vrai qu’avec notre système de rotation à mi-mandat, ça ferait du sens d’annoncer dès le début qui est concerné.» Verdict au printemps prochain.

Gary Diderich

  • 34 ans
  • Diplômé en philosophie à l’Université du Luxembourg
  • Conseiller communal à Differdange et porte-parole Déi Lénk
  • Twitter: @garydiderich

Quelle est votre vision de la politique de demain?

«La politique est le design de la cité, voire de la société dans laquelle nous vivons et travaillons ensemble. Je m’y considère comme un relais des personnes qui veulent une transition sociale et écologique vers un monde plus juste et responsable.

Si vous entrez au gouvernement, quelle sera votre première décision?

«Une loi 'contre la précarité du logement' qui prévoit notamment de taxer les logements laissés vides, les louer ou les acheter, les assainir de façon écologique; en construire de la même manière 2.000 nouveaux par an pour les louer à des prix abordables ou encore créer une agence immobilière publique pour assurer le respect de la loi du contrat de bail.»

Carole Thoma

  • 26 ans
  • Étudiante en maîtrise de génie civil à Kaiserslautern
  • Porte-parole Déi Lénk

Quelle est votre vision de la politique de demain?

«Il faut que les élu(e)s recommencent à représenter leurs électeurs, alors que beaucoup de politiciens ignorent encore les intérêts des gens et préfèrent représenter les grands capitaux. J’espère participer au rapport des forces, c’est-à-dire me battre pour la majorité des gens face à quelques personnes super riches et/ou les grandes entreprises.

Si vous entrez au gouvernement, quelle sera votre première décision?

«La proclamation de l’état d’urgence sociale, dans un pays qui est l’un des plus riches au monde, mais où 20% de la population risquent de tomber dans la pauvreté et 25% des enfants sont touchés par ce risque. On a besoin d’actions concrètes, notamment d’une augmentation du salaire social minimum qui est pour le moment en dessous du seuil de pauvreté.»

Felix Reding

  • 19 ans
  • Étudiant à la London School of Economics and Political Science
  • Membre ADR du Jugendparlament et du Parlement européen des jeunes

Quelle est votre vision de la politique de demain?

«J’ai une affinité pour les traditions sociales établies, les valeurs partagées en tant que nation, le respect de notre monarchie. Je suis aussi très favorable à ce qu’un gouvernement, en termes économiques, soit le moins interventionniste possible. Je souhaite implémenter cette vision à travers un mandat communal, national ou européen et j’entends être candidat aux élections communales à Luxembourg-ville.

Si vous entrez au gouvernement, quelle sera votre première décision?

«Mettre en œuvre une véritable simplification administrative et, par exemple, remettre en cause l’autorisation de commerce/d’établissement. Pour moi, la liberté de faire du commerce est un droit fondamental, un véritable 'droit de l’Homme'. Un contrôle étatique à ce sujet m’est simplement insupportable.»

Gilles Alexandre Carlizzi

  • 22 ans
  • Étudiant de bachelor en sciences économiques et de gestion à Luxembourg
  • Secrétaire général de la section Jeunes de l’ADR (ADRenalin); membre du comité national et vice-président de la section de Differdange

Quelle est votre vision de la politique de demain?

«Contribuer à promouvoir les valeurs du conservatisme au niveau communal et national, et représenter cette philosophie au quotidien au Luxembourg ou au travers de l’Acre, notre famille politique au niveau européen. Je me vois comme un team player, travaillant en premier lieu pour l’achèvement des objectifs du parti.

Si vous entrez au gouvernement, quelle sera votre première décision?

«D’abord on ira fêter ce succès phénoménal! Blague à part, je n’ai pas de réponse, car cela dépendra de l’état de la Nation et des thèmes les plus importants qu’il s’agira de déterminer avec le consentement de l’ensemble du parti et avec le(s) partenaire(s) de la coalition.»