Romain Jeblick, directeur de Luxorr: «Dans toute société de l’information, ce sont les contenus qui comptent.» (Photo: Mike Zenari)

Romain Jeblick, directeur de Luxorr: «Dans toute société de l’information, ce sont les contenus qui comptent.» (Photo: Mike Zenari)

Fondée en 2003 en tant qu’asbl, Luxorr, alias Luxembourg Organization For Reproduction Rights, agit depuis lors en tant qu’organisme de gestion collective des droits d’auteur. Aujourd’hui complet, le panorama en matière de création artistique se compose de l’Algoa (1999), qui gère le contenu audiovisuel, de la Sacem (2003), qui se centre sur le contenu musical, de Luxorr, responsable des œuvres littéraires et assimilés, dont les articles de presse et la photographie, et de la SACD (2013), la petite dernière représentée par la Sacem, qui traite des droits des productions dramatiques. «Le Luxembourg a été un des derniers pays à se doter de telles structures. Avant notre création, aucun organe ne protégeait vraiment les artistes. Il était urgent de s’organiser pour défendre leurs productions», se remémore Romain Jeblick, directeur de Luxorr depuis les débuts. Répondant à toute demande via son site web, l’asbl compte aujourd’hui parmi ses clients toutes sortes de médias, du Tageblatt au Wort, en passant par le Lëtzebuerger Journal.

Comme ses homologues, sa raison d’être est de permettre l’exploitation de certaines œuvres en échange du paiement d’une redevance. «Le respect des droits d’auteur ne concerne pas seulement les artistes, mais l’économie dans son ensemble. Dans toute société de l’information, ce sont les contenus qui comptent. Il est crucial de les valoriser. Les règles sont claires et doivent être connues de tous. On se cache trop souvent derrière une fausse complexité.» C’est la loi du 18 avril 2001 sur le droit d’auteur, les droits voisins et les bases de données qui fixe le cadre de référence et garantit à tout artiste le droit exclusif d’autoriser la reproduction et la consommation publiques de son œuvre.

Approche multifacette

Abritée au sein de la CLC à ses débuts, Luxorr dispose toujours de trois missions phares en plus de l’impérative veille réglementaire: l’attribution de licences d’utilisation des droits (reproduction publique ou privée, prêt public); l’information et la sensibilisation du public, ainsi que la promotion culturelle des œuvres locales. Lord, ou Luxembourg for Content, est sa plateforme cœur. Elle répertorie, glossaire à l’appui, les œuvres protégées et leurs créateurs. «Notre optique a toujours été de faciliter la vie des utilisateurs et des ayants droit, indique Roman Jeblick. Pour ce faire, nous devons réexpliquer nos missions en permanence. C’est presque devenu un travail à temps plein.» Suite à l’exposition des TIC, qui occasionnent un éclatement des contenus sur les réseaux sociaux, les sites ou les blogs, la charge de travail ne diminue pas. L’association, qui n’emploie actuellement que deux personnes à temps plein, recourt fréquemment à des prestataires externes et noue différents partenariats, y compris avec des acteurs étrangers. Au total, elle collabore avec environ 300 ayants droit.

Pour toucher plus d’écrivains, journalistes, poètes ou encore photographes, l’association a progressivement construit une philosophie multicanale. 2015 s’inscrira comme une grande année. Outre l’installation du siège opérationnel à Rollingen, un nouveau logo et un espace d’accueil proposant une bibliothèque de contenus protégés, sorte de vitrine de la création locale, et un studio vidéo flambant neuf, Luxorr a lancé cet automne Lord TV, première étape d’un changement plus vaste, une chaîne accessible sur les canaux 806 (live) et 980 (VOD) de la Post réunissant une mine d’informations, ainsi que des lectures, reportages et interviews d’artistes. «Nous allons mettre à disposition des contenus linéaires et de la VOD. Notre programmation propose de la littérature et l’édition. Les œuvres picturales ou photographiques viendront s’ajouter et, plus tard, l’ensemble du champ culturel aussi. L’idée est bien d’améliorer la visibilité de l’édition luxembourgeoise et de montrer toute la richesse culturelle du pays.»

L’accent est plus que jamais mis sur la modernisation des services. Un nouveau site web viendra compléter le tableau en 2016. «Notre concept est inédit au niveau mondial, dévoile Romain Jeblick. Actuellement off line, le système, sorte de Lord II, permettra de voir les contenus et d’en acquérir les droits, primaires et secondaires, au même endroit. L’objectif est de rendre l’offre légale plus accessible et plus abordable. L’objectif est aussi de se défendre face aux géants américains comme Google ou Facebook, qui ne respectent pas toujours les droits d’auteur. Nous voulons redonner le pouvoir aux producteurs de contenus.» Pour toucher les créateurs où qu’ils soient, l’asbl planche également depuis plusieurs mois sur MyLord, une application mobile, qui sera aussi disponible au printemps prochain. YouLord, un concours pour les créatifs, sera organisé en parallèle d’ici quelques mois.