En 2019, le Grand-Duché accueillera son quatrième congrès annuel de l’UIA, après 1931, 1950 et 1983. (Photo: Licence C.C.)

En 2019, le Grand-Duché accueillera son quatrième congrès annuel de l’UIA, après 1931, 1950 et 1983. (Photo: Licence C.C.)

Le compte à rebours a commencé pour le comité luxembourgeois de l’UIA, qui compte une cinquantaine de membres – un ratio plus qu’honorable par rapport aux 119 autres pays représentés dans l’UIA. Le comité s’avère par ailleurs très actif, avec des événements réguliers, notamment une conférence retentissante sur les femmes et l’État de droit l’an dernier ainsi qu’une autre sur le récent arrêt Uber de la Cour de justice de l’UE fin février.

Des événements en ligne avec le large périmètre d’action de l’UIA. «L’UIA est une association internationale à but non lucratif qui a deux missions principales: la protection des droits de l’Homme, surtout en ce qui concerne l’État de droit – et cela comprend la protection des avocats lorsqu’ils sont menacés dans l’exercice de leur profession –, et la formation des avocats à un niveau international dans une perspective de droit comparé», explique Me Pedro Pais de Almeida, président de l’UIA. Chaque année, deux thèmes sont mis à l’honneur: l’un davantage tourné vers les droits de l’Homme, l’autre orienté business. 2018 est ainsi consacrée à la lutte contre l’esclavage moderne – plusieurs barreaux participent d’ailleurs à une journée de travail à l’Onu sur le rôle des avocats dans cette lutte – d’un côté, et de l’autre au défi de l’ère digitale dans la profession d’avocat.

Exigences exorbitantes

Des thèmes qui transcendent les cultures juridiques pourtant diverses. «La profession est confrontée à des menaces et des défis communs», souligne Me Pais de Almeida. Exemple en Europe avec la directive contre le blanchiment d’argent. «La loi de transposition portugaise oblige les avocats à dénoncer leurs clients au barreau qui analyse les cas et les transfère aux autorités policières et judiciaires, cite l’avocat portugais. Je trouve cela très difficile parce que, bien sûr, l’avocat ne peut pas entrer dans un schéma de blanchiment, mais il n’a pas toujours suffisamment d’indices pour déceler un blanchiment. Et son rôle n’est pas de dénoncer son client, mais de l’avertir sur les risques qu’il prend et sur les limites légales à respecter.»

Le président de l’UIA ne peut que soutenir le Barreau de Luxembourg dans sa résistance face aux assauts répétés de l’Administration des contributions directes, qui a sommé les avocats apparaissant dans les Panama Papers de donner la liste de leurs clients, sociétés et bénéficiaires effectifs inclus. «Le fisc doit effectuer ses propres investigations et conclure s’il y a fraude fiscale ou pas», tempête Me Pais de Almeida.

L’UIA est d’ailleurs régulièrement sollicitée par ses barreaux adhérents, notamment lorsque certaines lois menacent l’indépendance de la justice, comme cela a été le cas récemment dans un grand pays d’Europe de l’Est membre de l’UE.

Le Luxembourg, une destination «attractive» pour les avocats

Représenté au sein de l’UIA dès sa création en 1927, le Luxembourg lui a déjà donné deux présidents – Me Robert Brass en 1931 et Me Ernest Arendt en 1981 – et se prépare à accueillir son quatrième congrès annuel après 1931, 1950 et 1983. «Le Luxembourg est une destination attractive pour les avocats, note Me Pais de Almeida. C’est à la fois un carrefour du droit financier et un petit pays européen très ouvert comme le Portugal. Il y est plus facile de construire des ponts et d’obtenir des accords – ce n’est pas un hasard si le secrétaire général de l’Onu est portugais.» Un objectif à garder pour le comité luxembourgeois emmené par MeAlain Grosjean, qui comptera pour l’organisation du congrès sur la présidence de MeFrançois Prum, délesté du bâtonnat en septembre prochain.