L’industrie luxembourgeoise a perdu un de ses grands hommes. M. Tesch, qui avait 90 ans, avait présidé l’Arbed pendant près de 20 ans.

Emmanuel Tesch, qui fut président du conseil d’administration de l’Arbed entre 1972 et 1991, vient de s’éteindre à l’âge de 90 ans.

Né à Hesperange en 1920, cet ingénieur chimiste spécialisé en métallurgie, diplômé de la Technische Hochschule d'Aix-la-Chapelle et à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich, avait commencé sa carrière professionnelle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, d’abord à la Manufacture de Tabacs Heintz van Landewyck, puis à la Sogeco (Société Générale pour le Commerce de Produits Industriels).

Il avait ensuite rejoint l’Arbed en 1958, en tant que commissaire, année où son père, Georges Tesch, quitta ses fonctions d’administrateur qu’il occupait depuis 1936. Il est vrai que le sang de l’Arbed coule dans les veines de la famille, dont certains aïeux étaient déjà présents au moment de la création du groupe en 1911.

Actif dans la tripartite

Ce n’est que dix ans plus tard qu’Emmanuel Tesch entra au sein de ce même conseil d’administration, dont il prit la présidence en 1972. Il fut donc aux premières loges de la crise qui frappa la sidérurgie dès 1974-1975 et qui vit, cette année-là, déjà, la production chuter de 28%. C’est à cette époque-là que furent instaurés le comité de conjoncture (en 1975) puis le comité de coordination tripartite (1977) auquel il a activement participé.

Il céda son siège en 1991 à Georges Faber, qui ne resta qu’une seule année en place, avant que Joseph Kinsch ne prenne la présidence d’Arbed et ne l’amène vers Arcelor puis ArcelorMittal. M. Tesch fut alors nommé président honoraire du conseil.

Marié à une descendante d’une autre «grande famille » luxembourgeoise, Thérèse Laval, Emmanuel Tesch était le père de François, le CEO de Foyer et président du conseil d’administration de Foyer International.

Un des pères du modèle luxembourgeois

«Monsieur Tesch a eu la lourde responsabilité d’affronter la crise de la sidérurgie luxembourgeoise et d’engager la restructuration de l’industrie sidérurgique qui a façonné le pays depuis un siècle», écrit le communiqué de presse diffusé par ArcelorMittal en soirée. «Homme de cœur et de dialogue, Monsieur Tesch a dirigé avec intelligence et engagement le groupe Arbed pendant la période la plus difficile de son histoire. Faisant preuve d’une courtoisie sans égale, il a été l’homme du dialogue social, ce qui lui a valu reconnaissance et respect de la part de tous les sidérurgistes. Monsieur Tesch a été une des personnalités marquantes de la sidérurgie luxembourgeoise. Son souvenir restera gravé dans les mémoires de tous ceux qui ont travaillé dans cette industrie», poursuit le texte.

Les dirigeants d’aujourd’hui d’ArcelorMittal rappellent, en outre, que l’attitude d’Emmanuel Tesch a toujours permis «un débat constructif et ceci aussi dans l’intérêt des travailleurs». Ils le considèrent, d’ailleurs, comme un des pères du modèle luxembourgeois.