Jean-Luc Mines (Photo : Julien Becker)

Jean-Luc Mines (Photo : Julien Becker)

Créée en 1989 par Jean-Luc Mines, l’agence Mikado est une figure emblématique du monde luxembourgeois de la communication. Son parcours, jalonné par de nombreux coups d’éclat, a pris une dimension internationale en 1995, avec l’obtention du contrat pour tout le volet communication de l’Année européenne de la Culture qui s’est tenue au Luxembourg. Trois ans plus tard, l’agence est devenue responsable de la communication du parti démocratique (DP). Un coup gagnant, puisque le parti délogea le parti socialiste du gouvernement de coalition au terme des élections législatives de 1999.
Succès «local», donc, mais succès internationaux également avec, dans la continuité, deux places de finaliste aux Epica Awards (la référence européenne en matière de campagnes de pub). Pour autant, tout n’est pas rose dans l’univers de Mikado et de son secteur d’activité. «Depuis une dizaine d’années, l’économie mondiale vit une situation difficile. Entre la bulle Internet, le 11 septembre, la guerre en Irak, les faillites médiatiques comme Enron ou Swissair et j’en passe. Et puis aussi la crise financière et la crise écologique, notre secteur, comme d’autres d’ailleurs, en subit directement les contrecoups», s’inquiète Jean-Luc Mines.
Une décennie en pente douce? Tout porte à le croire, d’autant plus qu’en 2009 et 2010, de nombreux clients ont réduit leur budget création jusqu’à 40%. «Ce n’est pas la solution, indique le directeur de Mikado. Mais une fois qu’ils l’ont fait, ils s’y habituent et ils s’imaginent, à tort, qu’ils peuvent continuer dans ce sens, puisque ça a bien marché jusque-là.»
Cette vision à court terme d’une partie de sa clientèle n’a pas empêché l’agence de tirer tout de même son épingle du jeu. Elle affiche un chiffre d’affaires 2009 en augmentation, forte de sa solide renommée et proposant, depuis peu, une offre 360° qui s’appuie sur une synergie avec Interact et Quest.

Des consommateurs perdus

Mais tout le secteur est-il dans d’aussi bonnes dispositions, alors que la crise a surtout amplifié la gravité d’une situation déjà passablement précaire? Avec le «boom» des outils de communication, et ses corollaires en termes de sur-information, les agences de communication se retrouvent, de surcroît, face à des consommateurs perdus dans la surabondance et le surenchérissement de publicités. Le secteur doit donc se remettre en cause et changer ses méthodes de travail afin de rediriger efficacement ce consommateur. Le but n’est plus de faire connaître, mais de différencier. De nouveaux objectifs qui, bien évidemment, ont quelque chose de stimulant, exigeant encore plus de création de la part des agences.

Mais qui dit remise en cause dit également une reconnaissance à (re)développer. «Que ce soit au niveau des entreprises, comme du grand public, je note une méconnaissance importante de notre métier», déplore M. Mines. Pourtant, la MarkCom (l’association luxembourgeoise des agences-conseils en communication) a déjà beaucoup œuvré en ce sens. «Chaque président successif de notre fédération professionnelle a fait avancer les choses en son temps», note-t-il. Mais, autre temps, autres mœurs: la vision de la communication demande, encore et toujours, de nouveaux efforts.