Paperjam.lu

 

L’évolution technologique et réglementaire permet aujourd’hui cette mutualisation via l’émergence de nouveaux acteurs proposant des solutions de place de marché pour certaines activités-clés dans la chaîne de valeur de l’industrie des fonds. Parmi les activités les plus mentionnées, on retrouve actuellement l’entrée en relation clients (KYC, soit le paradigme «know your customer») et le passage d’ordres.

Concernant l’entrée en relation clients, la standardisation du processus couplée à la mise en place de bases de données structurées dans certains pays permettent à des acteurs d’émerger avec une offre de mutualisation des données KYC. Les acteurs se plaçant sur ce marché sont également à même de permettre un degré de personnalisation suffisant dans le traitement de celles-ci pour adapter les contrôles à la sensibilité risque et aux besoins spécifiques de chaque client. En outre, la volonté croissante du régulateur d’intégrer l’évolution technologique dans les réglementations permettra, à terme, d’utiliser de nouvelles technologies qui arrivent à maturité aujourd’hui ou qui le seront dans un avenir proche. On peut mentionner ici l’utilisation de la robotic process automation (RPA) dans le cadre de l’automatisation de processus opérationnels par exemple, ou l’utilisation de la technologie blockchain et de la signature électronique pour la sécurisation et la simplification du stockage des documents officiels.

Quant au passage d’ordres dans l’industrie des fonds, de nombreuses initiatives, notamment au Luxembourg, visent à simplifier et «désintermédiariser» ce processus par l’utilisation de la technologie blockchain. Les premiers tests, sur la plateforme FundsDLT particulièrement, ont été concluants et devraient permettre de créer un réseau de place de marché qui collectera les ordres des investisseurs et distributeurs de manière plus efficiente et sécurisée. L’évolution du cadre réglementaire devrait là aussi permettre aux acteurs utilisant la technologie blockchain d’agrandir le périmètre de leurs activités dans les années à venir.

Le contexte réglementaire et concurrentiel actuel, aidé par des technologies qui arrivent ou vont arriver à maturité dans un avenir proche, est propice à une nouvelle forme de mutualisation et à l’émergence de plateformes reprenant une partie des activités autrefois gérées par chaque acteur individuellement. Le frein à cette évolution n’est pas le régulateur, qui est à l’écoute du marché et comprend quels sont les risques et challenges de ne pas s’adapter dans un contexte concurrentiel global, mais bien la compréhension par les acteurs traditionnels de l’industrie des fonds que la situation actuelle les pousse à un changement de leur operating model, voire de leur business model.