L’entrepreneur doit trouver un juste équilibre entre le temps consacré à développer le projet en lui-même et celui octroyé à la recherche de financements et aux relations avec les actionnaires.  (Photo: Fotolia / kentoh)

L’entrepreneur doit trouver un juste équilibre entre le temps consacré à développer le projet en lui-même et celui octroyé à la recherche de financements et aux relations avec les actionnaires.  (Photo: Fotolia / kentoh)

Au commencement, il y a l’idée. Elle précède une longue phase de recherche & développement, qui implique des dépenses parfois lourdes sans générer de chiffre d’affaires. Les fonds propres doivent alors être privilégiés. La valorisation de l’entreprise étant très basse, il est fortement déconseillé d’envisager un recours à des mécanismes susceptibles d’entraîner la dilution des parts.

Des prêts d’investisseurs privés ou semi-publics, tels que les produits InnovFin, constituent une approche intéressante à ce stade du projet. C’est aussi à ce moment-là que des cofondateurs peuvent être impliqués. Dans ce cas, leur entrée au capital sera justifiée par un apport en numéraire, mais aussi et surtout par une plus-value technologique ou industrielle.

Le nombre de parts pourra progressivement augmenter durant la durée de vie de la start-up, en fonction des apports de chacun. La «love money», c’est-à-dire la levée de fonds auprès des proches, présente également des avantages. 

Profiter des aides du gouvernement

Autre voie à explorer par les néo-entrepreneurs, les aides dispensées par les gouvernements européens se multiplient, l’innovation constituant un vecteur de croissance fort et un enjeu crucial pour le Luxembourg et ses voisins. Les programmes d’aide et de soutien concernent essentiellement les coûts de R&D. Au Grand-Duché, le ministère de l’Économie offre ainsi la possibilité aux jeunes entreprises innovantes de bénéficier d’une aide sous forme de subvention, d’une avance récupérable ou d’un apport en fonds propres.

Attention toutefois, l’accès à ces programmes comporte un volet administratif conséquent, la rédaction, le dépôt et le suivi des dossiers nécessitant d’y consacrer du temps et des ressources humaines. S’ils ne débouchent pas forcément sur des financements, les concours, comme le Pitch Your Startup de Docler et Fit4Start, peuvent être de sérieux accélérateurs en phase de lancement d’une start-up. Si Pol Goetzinger, multientrepreneur et fondateur de l’incubateur Innohub, reconnaît que «la participation à des concours peut être intéressante au début de la vie d’une start-up pour augmenter sa notoriété», il ne faut pas que cette activité devienne «trop chronophage pour l’entrepreneur».

Financer la production avec le crowdfunding

Une fois l’idée clairement formulée et convertie en business model, vient le temps du proof of concept. À ce stade, le recours au crowdfunding donne d’excellents résultats. Ainsi, c’est bien grâce au financement participatif que la petite chouette Ulo de Mu Design a pu voir le jour.

Les plates-formes de crowdfunding sont nombreuses, certaines généralistes, à l’instar de KissKissBankBank et Indiegogo, d’autres plus spécialisées, comme GoFundMe, dédiée aux projets à impact social. Les montants collectés peuvent être importants (parfois plusieurs millions d’euros dans le cas de produits innovants s’adressant à des communautés très fortes). Ils servent généralement à financer la fabrication de prototypes ou la mise en production de la première génération d’un produit. 

Vient alors la levée de fonds en «seed». Pour cette opération, les professionnels recommandent de ne pas dépasser des seuils de levées de fonds de plus de 15% des parts. «Au niveau de l’Innohub Luxembourg, nous privilégions une approche qui intègre une levée en seed sous forme de prêt d’amorçage convertible avec une deuxième levée en série A dilutive. De préférence avec un investisseur stratégique, et pas purement financier, qui contribue à l’accélération de la traction de marché», précise Pol Goetzinger. 

Le partenaire idéal? Un fonds «hands on» piloté par des entrepreneurs 

Une fois le produit sorti, il convient d’accélérer la communication, de développer les aspects commerciaux, d’ouvrir de nouvelles zones géographiques, ou encore d’asseoir la notoriété de la start-up à l’international. Autant de séquences qui coûtent cher. Les levées de fonds (séries A, B et C) exigent un investissement en temps et en énergie de la part des équipes.

Il est alors recommandé de se faire suivre par des cabinets de conseil économique ou par des sociétés de corporate finance, qui assureront la conception des documents d’information de base et établiront le contact avec les investisseurs potentiels. Le choix des partenaires est en effet essentiel, comme l’explique Pol Goetzinger: «Si une start-up choisit de travailler avec un fonds VC, elle doit privilégier un fonds ‘hands on’ piloté par des entrepreneurs pour ne pas tomber dans des travers spéculatifs.»

«Il est primordial de s’allier à une équipe d’investisseurs qui s’intéressent vraiment au projet, qui le comprennent, et avec lesquels on peut conjointement développer une stratégie d’accélération durable.» 

Tout au long de ces étapes, l’entrepreneur doit trouver un juste équilibre entre le temps consacré à développer le projet en lui-même et celui octroyé à la recherche de financements et aux relations avec les actionnaires. Pas une mince affaire!