Guy Daleiden a présenté les grandes lignes de la refonte des aides à Cannes. (Photo: Hadrien Friob)

Guy Daleiden a présenté les grandes lignes de la refonte des aides à Cannes. (Photo: Hadrien Friob)

Une vidéo circule sur internet où une jeune femme, du type ravissante idiote manifestement peu férue de fractions, se voit moquée par son ami quand elle lui dit «si tu coupes 12 parts pizza, je n’arriverai jamais à tout manger, mais si tu coupes en 8, ça ira…» La métaphore des parts du gâteau est très largement utilisée par le monde de l’audiovisuel luxembourgeois pour décrire l’équation à résoudre. 

Le Fonds national de soutien à la production audiovisuelle dispose de quelque 33 millions d’euros par an (plus exactement, 100 millions sur trois ans) qu’il distribue en aides sélectives à l’écriture, au développement, et surtout à la production. Or, le nombre de projets déposés au comité de sélection croît d’année en année, les directives européennes imposent moins de protectionnisme, et nos voisins la France et la Belgique, coproducteurs historiques, ont mis en place de nouveaux systèmes qui vampirisent de nombreuses coproductions. Le système d’aides à l’audiovisuel doit donc évoluer.

Le nouveau système, qui va être prochainement testé, sera basé sur les dépenses réelles dans le pays.

Guy Daleiden, directeur du Film Fund

Des parts plus petites

Le gâteau ne devenant pas plus gros, deux approches sont possibles: réduire le nombre de parts ou réduire la taille des parts. «Soutenir moins de projets reviendrait à pénaliser le secteur et à mettre en péril l’emploi dans l’audiovisuel, qui représente environ 1.000 personnes», souligne Guy Daleiden, le directeur du Film Fund. 

Le choix est donc de diminuer les montants accordés à chaque film, «principalement sur les films minoritaires», rassure-t-il au vu de l’importance croissante de films majoritairement financés au Luxembourg et qui s’assurent une visibilité internationale comme «Croc-Blanc» ou «Gutland», récemment.

Jusqu’ici, les aides étaient liées à un système complexe de grille à point qui récompensait l’emploi de techniciens, réalisateurs, comédiens ou compositeurs locaux. «Le nouveau système, qui va être prochainement testé, sera basé sur les dépenses réelles dans le pays: jours de tournages, salaires, matériel… pour un euro dépensé, un euro sera donné.» Ce système s’avère «plus flexible» et plus performant dans la compétition internationale des coproducteurs.

Il y aura des garde-fous pour s’assurer que les dépenses aillent à l’emploi.

Guy Daleiden, directeur du Film Fund

Les associations inquiètes

C’est une réforme que les producteurs (au sein de l’Ulpa) et les réalisateurs (Lars) appellent de leurs vœux, même si ces derniers restent attentifs aux règles d’application. Les associations de techniciens (Alta) et de comédiens (Actors.lu) en revanche se montrent inquiètes par cette nouvelle orientation, craignant de perdre la protection que leur offre le système de points, tout en sachant que ce système est en partie désuet. Guy Daleiden se veut rassurant: «Il y aura des garde-fous pour s’assurer que les dépenses aillent à l’emploi.»

Les consultations entre le Film Fund et les associations professionnelles se poursuivent dans les jours à venir «pour élaborer les détails et se mettre d’accord sur les règles à suivre». Une phase test d’un an du nouveau système sera lancée très prochainement, sans nécessiter de recours à un changement de loi, mais simplement un changement de règlement.

L’avenir nous dira donc si la taille des parts du gâteau pourra encore nourrir tout le monde.