Nathalie Delebois (Photo : David Laurent / Wide)

Nathalie Delebois (Photo : David Laurent / Wide)

Madame Delebois, quels sont les changements significatifs observés au cours de ces dernières années ?

« Le marché est dans une phase de mutation que la conjoncture économique a probablement accélérée. Nous ne sommes plus du tout dans un marché de volume. Le client va s’adjoindre un cabinet de recrutement, pour des compétences pointues et ciblées. Auparavant, lorsque nous nous entretenions avec un candidat, nous pouvions le proposer à cinq clients différents. Maintenant, c’est le client qui donne ses critères, et c’est ensuite à nous de trouver le bon candidat. Le client prend toujours plus de précautions et les process s’en retrouvent rallongés.

Nous constatons également que les entreprises ont davantage de craintes, peut-être parce qu’elles manquent de visibilité quant à l’avenir. En outre, si le client exige de son futur collaborateur toutes les compétences liées au poste à pourvoir (compétences techniques, linguistiques, etc.), il souhaite dorénavant, et peut-être plus qu’avant, que ce collaborateur, une fois engagé, l’accompagne dans son évolution. En revanche, cet accompagnement ne va pas de soi, d’autant plus que la conjoncture actuelle ne permet pas d’anticiper clairement sa propre évolution. Ainsi, il arrive quelquefois que le client change son cahier des charges en cours de recherche. Chaque mission est ainsi unique et difficile, ce qui rend le métier d’autant plus intéressant.
 

Le secteur des RH devrait poursuivre dans cette dynamique ?

« À court et moyen termes, l’évolution devrait se poursuivre dans ce sens, oui. Car les besoins évoluent. Il y a quelques années, l’essentiel des recrutements se faisait dans la finance et les banques – ce qui, avec le milieu juridique, reste notre core business. Aujourd’hui, de nouveaux secteurs génèrent des besoins en nouveaux profils. L’e-commerce, l’e-gaming et bien d’autres activités ont leur lot de profils et d’experts dif­férents. Nous avons également observé une recrudescence des postes dans le domaine du marketing, en particulier au sein de sociétés nouvellement implantées sur le territoire national.

Par ailleurs, nous constatons, notamment dans le secteur bancaire, que nos clients sont plus enclins à recruter des seniors, alors qu’il y a encore peu, les jeunes universitaires tenaient la corde. Je pense qu’ils recherchent des collaborateurs plus posés, plus matures et qui ont déjà connu une crise. La période incite à changer le fusil d’épaule…


Vos propres besoins en RH ont dû s’adapter dès lors ?

« Le profil du consultant a évolué. Aujourd’hui, il doit avoir une expertise du secteur au sein duquel il œuvre. Il se doit d’être au fait de l’actualité des métiers et des domaines dont il a la charge.
Il est également important qu’il puisse assurer le suivi qualitatif, du client comme du candidat. Et ce dernier, par ailleurs, s’avère plus exigeant que par le passé.
 

Si vous le pouviez, que changeriez-vous dans votre secteur ?

« Je trouve qu’il manque peut-être un cadre législatif qui régisse le secteur. Aujour­d’hui encore, n’importe qui peut ouvrir un cabinet de recrutement. Il n’existe aucune régulation. Actuellement, nous sommes plus de 80 cabinets à avoir pignon sur rue au Luxembourg. C’est beaucoup, même si cette situation ne nous touche pas énormément, car nous bénéficions d’une bonne réputation, construite au fil de l’expérience. »

 

Nathalie Delebois
- 42 ans

- Owner chez DO Recruitment Advisors depuis janvier 2008
- Business line manager Finance & Legal chez Ajilon de janvier 2006 à décembre 2007
- Branch manager chez Ajilon de décembre 1998 à décembre 2005