L’Union européenne sans le Luxembourg: un acte manqué sur France 2 qui conforte plus que jamais la nécessité de mettre en place une bonne et efficace image pour le pays. (Photo: copie d'écran France 2)

L’Union européenne sans le Luxembourg: un acte manqué sur France 2 qui conforte plus que jamais la nécessité de mettre en place une bonne et efficace image pour le pays. (Photo: copie d'écran France 2)

C’est un petit point clair noyé au milieu d’une vaste zone bleu foncé. Comme un no man’s land dans une représentation cartographique de l’Europe des 28 bientôt moins un. C’est surtout une tache, une très grosse tache; une insulte à l’image que l’on peut se faire de la culture générale de base qui, dans des temps pas si éloignés, suffisait à peine à obtenir son certificat d’études primaires en France.

C’est aussi (et surtout?) une faute que l’on peut qualifier de professionnelle, qui plus est venant d’une chaîne de télévision du service public français (France 2 pour ne pas la nommer), qui «oublie» de représenter le Luxembourg sur une carte de l’Union européenne à l’occasion d’un sujet réalisé en marge du Brexit. Infliger cet outrage à l’un des États fondateurs de la CEE il y a 60 ans et d’où vient l’actuel président de la Commission, ça fait pour le moins désordre.

Cette scène surréaliste s’est bel et bien passée en milieu de semaine dernière, au cours du journal télévisé de 20 heures, suivi par 4,7 millions de téléspectateurs (source: Médiamétrie).

On a beau chercher, se montrer un tant soit peu corporatiste et partir du principe que l’erreur est humaine, on n’arrive décemment pas à trouver des excuses ou des circonstances atténuantes dans le cas présent, pour cette affligeante erreur qui dépasse l’entendement. À moins d’accepter que la faute ne soit attribuée à un stagiaire en début (et bientôt en fin?) de carrière…

Peut-être s’agit-il tout simplement d’un acte manqué (qui n’est rien d’autre, selon Freud, que la réalisation d’un désir inconscient...) ou d’un nouveau concept de «Cache-Cache Investigation», sans le roquet Élise Lucet, laquelle peut susciter autant de respect pour le fond de son approche journalistique que d’exaspération absolue pour sa forme.

Le moins que l’on puisse dire c’est que France 2 a, en quelque sorte, de la fuite dans les idées, elle qui avait déjà, en 2016, annexé le Grand-Duché (et aussi la Belgique) en affichant une frontière commune de 448km entre la France et l’Allemagne, depuis la pointe du Nord jusqu’à la frontière suisse. Manqué pour manqué…

Coups de pédales

En fin de compte, cette anecdote, qui n’est certes pas vraiment de nature à changer la face du monde, peut prêter à sourire. Et aussi à se lamenter si ce n’est pas, clairement, à s’interroger. Et donner du grain à moudre pour tous ceux engagés, de près ou de loin, dans le processus de nation branding.

Développer l’image et les valeurs intrinsèques d’un pays qui, régulièrement, n’existe même pas aux yeux d’un des principaux médias français peut, dans ce contexte, relever de la quadrature du cercle. Mais cela montre à quel point cette démarche est plus que jamais indispensable, impérative, et nourrie d’un sens profond: celui d’être, une bonne fois pour toutes, reconnu par ses pairs, sans impair, comme «un des leurs».

On ne peut que souhaiter que cela se réalise… et vite! Les coups de pédales de ces prochaines semaines, en prélude au Tour de France qui traversera le pays début juillet, devront être pour le moins énergiques et générateurs d’élans nouveaux et porteurs.

Ce «Let’s make it happen» est vraiment aussi une sacrée grosse tâche.