Guy Daleiden et Luc Frieden, entourés de Nicolas Steil et Donato Rotunno (producteur et réalisateur du film «Ouni d'Hänn»). (Photo: Filmfund Luxembourg)

Guy Daleiden et Luc Frieden, entourés de Nicolas Steil et Donato Rotunno (producteur et réalisateur du film «Ouni d'Hänn»). (Photo: Filmfund Luxembourg)

Le tournage d’un film est toujours un moment d’effervescence où toutes les énergies sont mobilisées. C’est ce qu’a pu constater le ministre des Communications et des Médias en visite au Filmland.

Le tournage d’«Ouni d’Hänn» (Sans les mains) est encore plus particulier, parce que les protagonistes sont des enfants, parce qu’il est tourné en luxembourgeois et parce que sa thématique est très dure. Elle évoque l’histoire de X et Shirley, qui ne sont même pas encore des adolescents, mais qui sont pourtant déjà entrés dans une spirale noire de transgression et de violence.

 

«Ouni d’Hänn», le film que Donato Rotunno est en train de tourner avec Nicolas Steil (Iris Productions) comme producteur est «une histoire d’amour et de manque d’amour», martèlent-ils ensemble. Adaptation de «Amok», le roman que Tullio Forgiarini a publié chez Binsfeld il y a deux ans, ce film a nécessité un long travail d’écriture et de préparation.

Distribution internationale en vue

«Nous avons travaillé à trois sur le scénario, voulant lui donner un langage cinématographique spécifique et apporter un peu d’optimisme et de lumière à l’histoire», détaille le réalisateur, prudent. Car le livre, comme le film, part du vécu de Tullio Forgiarini qui enseigne dans une classe qu’on appelle «mosaïque». On y accueille des élèves inadaptés au système, hors du cadre, à qui on tente de donner «une deuxième, une troisième, une dernière chance et même encore une chance après la dernière chance».

Les protagonistes de l’histoire ont donc 13 et 14 ans et essaient de façon chaotique et brutale de grappiller leur part de bonheur. Le monde adulte, démissionnaire ou dépassé, assiste impuissant à cette course folle qui les mène au bord du gouffre. 

«Je ne leur cherche pas des excuses, ce qu’ils font n’est pas excusable, mais j’espère qu’une partie des spectateurs aura, comme moi, envie de les sauver, de les comprendre», poursuit le réalisateur. C’est d’ailleurs ce qu’exprime le titre. Si Amok désigne ce brutal accès de violence individuel que l’on a pu voir lors de tueries de lycée comme à Columbine, «Sans les mains» met en évidence «la part d’enfance et d’innocence qui leur reste, l’idée de jouer à se faire peur».

L’histoire se situant au Luxembourg, le livre original étant écrit en luxembourgeois, c’est dans cette langue que le film est tourné. «C’était une évidence, une justesse que de rester ancré dans la réalité locale en gardant le luxembourgeois, et le sujet est tellement fort que ça ne nuira pas à une distribution internationale», indique le producteur Nicolas Steil, qui est déjà en discussion avec des distributeurs.

Luc Frieden impressionné

Ayant reçu un soutien massif du Filmfund (2,5 millions d’euros d’aide à la production), le film devrait voir le jour mi-2014 et tentera des sélections festivalières, que le sujet devrait faciliter.

Profitant de sa visite sur le plateau, Luc Frieden a également visité les infrastructures du Filmland. Il a notamment découvert l’univers de la postproduction, de l’animation et a eu l’occasion de découvrir ainsi la chaîne de création d’un film avec la préparation et le montage des décors (pour le film «Mammejong», réalisé par Jacques Molitor et dont le tournage débutera prochainement), la production (pour le film «Ouni d’Hänn») ainsi que la postproduction (montage son et image).

Le ministre s’est montré particulièrement impressionné par la qualité artistique et technologique du secteur de l’animation. «Je peux aujourd’hui attester de l’envergure, du know-how et de la création d’emplois générés par le secteur de l’audiovisuel au Luxembourg aussi bien pour la fiction que pour l’animation.»