Philippe Slendzak : « L’Europe doit  se repositionner afin de reprendre  de l’envergure. » (Photo : Julien Becker)

Philippe Slendzak : « L’Europe doit se repositionner afin de reprendre de l’envergure. » (Photo : Julien Becker)

Monsieur Slendzak, la crise impose une remise en question au sein des entreprises. Ces changements concernent a priori votre secteur ?

« En 27 ans d’expérience, je n’ai jamais connu une situation économique aussi peu enthousiasmante ! Certains clients sont ‘dans le dur’ et font moins appel à nos services. De plus en plus de sociétés internalisent. Ce n’est pas forcément la solution la plus judicieuse, car elles s’éparpillent dans des activités hors cœur de métier. Mais, dans le contexte actuel, personne ne peut leur reprocher de vouloir réduire les coûts. Et, de notre côté, nous ne pouvons indéfiniment revoir nos tarifs à la baisse. Nous sommes ainsi régulièrement mis en concurrence, notamment pour l’expertise comptable. Les micros entreprises et les PME s’orientent vers des fiduciaires locales dont les prix sont souvent imbattables. Ce type de petite structure n’a jamais représenté qu’une très faible proportion de nos clients. Notre clientèle se concentre sur les PME pour lesquelles nous apportons, en plus d’un haut degré d’expertise, une valeur ajoutée en termes de conseils. La part ‘conseil’ de notre activité connaît ainsi une embellie appréciable, que le peu de visibilité de la conjoncture actuelle stimule. Pour certaines sociétés en tous cas.

En parallèle, nous travaillons à nous faire connaître sur certains marchés de niche telle que la mise en application des normes comptables européennes IRFS (International Financial Reporting Standards, ndlr.). Il y a du travail dans ce domaine, et on peut y apporter une réelle valeur ajoutée.

Comment, dans ce cadre, voyez-vous votre évolution ?

« Un aspect important, pour nous, est de continuellement gagner en performance et en degré d’expertise. L’harmonisation du droit comptable européen est une voie dans laquelle nous allons nous engouffrer plus encore les mois à venir. S’agissant des services en expertise comptable et en tenue de comptabilité, nous nous axons vers l’acquisition de logiciels nouvelle génération. Fiduo vise également à se rattacher à un réseau européen afin de bénéficier de partenariats hors frontières. Non pas un réseau intégré mais un réseau de professionnels installés dans les plus importants pays européens.

Enfin, à moyen terme, nous visons l’agrément PSF. Dans le domaine du private equity par exemple, il y a des marchés porteurs qui exigent un savoir pointu en comptabilité. Il nous faut atteindre une taille critique et une organisation adéquate pour pénétrer ce marché.

Ressentez-vous, actuellement, le besoin de recruter ?

« Nous avons recruté en 2012 et nous continuerons certainement en 2013. Aujourd’hui, nous recevons un nombre important de candidatures de profils comptables. Par contre, les experts de niveau bac +4, bac +5, sont plus difficiles à atteindre car la compétition est rude avec les grands cabinets. Il nous faut cependant trouver ce type de profils afin de grossir les rangs de nos auditeurs et réviseurs d’entreprise, notamment.

Que devrait-on faire évoluer pour que l’économie reprenne du poil de la bête ?

« Jusqu’il y a 10 ans d’ici, les yeux étaient braqués vers les États-Unis. Quand ils remontaient la pente, l’Europe suivait quelques mois plus tard. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. C’est plutôt vers les pays asiatiques qu’il faut dorénavant diriger nos regards. Et force est de constater qu’il y a un décalage important entre la croissance à deux chiffres de ces pays et la situation de l’Europe. Ainsi, je pense que l’Europe doit se repositionner afin de reprendre de l’envergure. On est peut-être au point mort, pour l’instant, mais j’ai confiance en l’Europe et plus encore dans le Luxembourg, qui a prouvé par le passé ses facultés à rebondir. Il faut ce déclic qui nous permettra d’attirer la nouvelle économie. Nous avons des atouts, un savoir que d’autres pays n’ont pas. À nous de le développer. Et le plus rapidement sera le mieux. »