Michel Witte se souvient de l'esprit start-up d'IEE et entend se rapprocher de ces acteurs pour innover. (Photo: Maison Moderne)

Michel Witte se souvient de l'esprit start-up d'IEE et entend se rapprocher de ces acteurs pour innover. (Photo: Maison Moderne)

Monsieur Witte, quelle est la vision qu’a IEE de l’automobile du futur?

«Cette vision est une combinaison de deux éléments: la connectivité et la conduite autonome. Pour communiquer dans et via les voitures, nous aurons forcément besoin d’un capteur qui mesure l’information. Nous voulons conserver et faire progresser notre place dans le monde des capteurs. Nous travaillons donc sur la prochaine étape de la conduite autonome qui sera le ‘semi-autonomous driving’, à savoir des voitures qui auront la possibilité, sur autoroute ou en ville, de conduire à des vitesses moyennes sans intervention du chauffeur.

Des développements qui vous demandent des tests en permanence, d’où la nécessité des nouvelles installations de Roost... 

«Nous effectuons en effet des tests en permanence et des développements virtuels. Car la technologie nous permet désormais de tester de très longues distances qu’il serait impossible d’effectuer en réalité. Notre arrivée sur le campus permettra à nos 400 collaborateurs occupés par la recherche et le développement de disposer d’un nouveau cadre de travail. Le campus est aussi très important pour attirer des clients. Nous ambitionnons de créer sur l'A7 (la route du Nord, ndlr) une infrastructure où l’on pourrait conduire de façon autonome, une sorte de surface de test grandeur nature que l’on ne trouve pas ailleurs en Europe.

Vous restez très attaché à l’esprit «start-up» que vous avez connu avec les débuts de IEE. Comment cela se concrétisera-t-il à l’avenir?

«Avec le campus, nous voulons véritablement nous rapprocher des start-up ou créer des spin-off autour de produits, de résultats de la recherche. Pour que les idées puissent aboutir sur le marché, et ce rapidement, il est essentiel que les acteurs de la recherche ou les dirigeants de start-up puissent accéder aux clients. Nous voyons donc notre rôle comme celui d’un facilitateur entre les parties. Nous souhaitons du reste faire profiter les start-up qui seront nos partenaires de notre infrastructure de développement pour réaliser des tests qu’elles n’auraient pas la possibilité de faire par leurs propres moyens. 

Quelle est la hauteur de l’investissement consenti pour vous installer au campus? 

«L’enveloppe se situe autour des 25 à 28 millions d’euros.

Comment avoir convaincu votre actionnariat, un consortium d’investisseurs chinois, d’aller dans la direction du campus?

«Nos actionnaires veulent avant tout que l’on passe en phase de croissance. Or, pour réaliser cette croissance, nous avons besoin d’investissements, totalement supportés par notre actionnariat. Il ne faut pas oublier que nous vivons dans un marché cyclique. Après la prédominance des Américains et des Anglais, nous connaissons un marché qui est très influencé par les producteurs allemands. Ceux-ci veulent maintenir leurs positions en investissant énormément dans l’innovation.

Vous devez donc répondre à leurs besoins qui sont aussi des opportunités... 

«La tendance de la voiture connectée ne peut pas être stoppée. Toute la question est de savoir jusqu’à quel point sera poussée son autonomie et comment la législation sera adaptée à ces évolutions technologiques. Nous pourrions, dans le cadre de la législation existante, aborder une première étape de l’autonomie à basse vitesse ou pour les parkings. Je crains que d’autres étapes nécessitent de plus amples adaptations de la Convention de Vienne qui régit la circulation routière depuis 1968.»