Deux fois par an, les analystes de Crédit Agricole Asset Management exposent leur points de vue sur les opportunités d'investissement en vigueur. Pour la session hivernale, qui s'est tenue ce jeudi, deux approches ont particulièrement été développées: les marchés actions européens et l'émergence asiatique, en particulier la Chine.
En novembre dernier, Crédit Agricole Asset Management (CAAM) a lancé un compartiment luxembourgeois à son fonds Europe Value, un fonds de droit français qui existe depuis un peu plus de trois ans. Ce compartiment luxembourgeois "pèse" actuellement quelque 30 millions d'Euro, alors que le fonds français gère plus de 400 millions d'avoirs.
Il s'agit d'une Sicav investissant en actions de sociétés européennes sous-évaluées (momentanément?), mais possédant des fondamentaux financiers suffisamment solides et affichant une volatilité limitée en matière de rendement de capitaux propres (le ratio de rentabilité équivalent au quotient du bénéfice net par les capitaux propres).
"Le problème avec les sociétés qui possèdent une grande volatilité de leurs résultats, c'est que les investisseurs les payent comme si ce niveau de volatilité allait rester élevé", explique Melchior Déchelette, Gérant actions européennes, responsable de la gestion thématique de CAAM. "Dans notre approche d'investissement, nous nous interdisons une volatilité supérieure à celle de l'Indice de références du fonds. Nous avons également une approche originale en privilégiant une analyse économique plus qu'une analyse comptable".
Aux yeux de M. Déchelette, une analyse comptable classique ne prend pas en compte, en effet, tous les paramètres économiques influant sur les performances d'une société. "Nous tenons compte des éléments hors bilan, mais aussi des investissements en R&D, que nous ne comptabilisons pas entant que charges". Ainsi, il peut s'avérer des écarts assez importants en matière de profitabilité selon l'une ou l'autre des approches retenues.
Le fonds Europe Value suit un benchmark qualifié de "neutre": l'Indice MSCI Europe, qui s'appuie sur des critères d'évaluation très différents de ceux privilégiés par CAAM. "Nous ne regardons pas d'aussi près qu'eux les aspects de Price earning ou les croissances des bénéfices", illustre M. Déchelette, qui préfère se baser sur la très forte corrélation existante entre le retour sur capital d'une société et sa valorisation.
"Un autre de nos outils consiste en l'observation de l'optimisme du marché sur le sociétés. On se rappelle par exemple que pour une société comme Alcatel, il y a eu des grosses erreurs d'appréciation, qui s'est avéré beaucoup trop optimiste au vu des résultats réels. Ce fut moins le cas pour une valeur comme Nokia, où la différence entre les estimations et les résultats réels étaient moins importants. Dans ce cas de figure, on préférera investir dans Nokia plutôt qu'Alcatel'.
Le marché actions garde, selon les spécialistes de CAAM, un attrait non négligeable. "Il est anormal de voir que sur ces 10 dernières années, les actions ont sous-performé de 20% par rapport aux taux. Il y a donc sûrement plus de valeur, actuellement, dans les actions que dans les taux", estime M. Déchelette, qui rappelle qu'en 2003, le fonds CAAM Value Europe a réalisé 4,25% de performance de mieux par rapport à l'Indice MSCI Europe et que depuis juin 2000, la différence s'élève à plus de 16% en faveur du fonds.