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La chronique de ce mois prend son origine dans un thread, une discussion provenant de la mailing liste "lëtzebuerger" (www.prophecy.lu/letzebuerger), où le problème du "copy-paste" dans l'éducation a été à l'ordre du jour. Pour résumer la problématique: il semble que de plus en plus d'élèves et d'étudiants se servent à coup de "copy-paste" dans Internet pour répondre aux attentes posées par leurs institutions éducatives respectives.

Mais est-ce que la problématique se limite aux élèves? Qu'en est-il des autres personnes qui publient? Est-ce qu'Internet n'est pas prédestiné à cette utilisation et est-ce que le confort intuitif, émanant de la fonction couper-coller (comme il faut écrire en bon français), n'est pas trop séduisant pour ne pas en faire usage?

Le problème est trop vaste pour être traité de façon exhaustive dans le cadre d'une chronique. Raison pour laquelle je me limiterai à poser quelques questions qui me semblent opportunes.

D'abord, est-ce que l'on doit considérer ce phénomène comme chose nouvelle? Certainement pas. Déjà à une époque où l'Internet était réservé aux scientifiques et militaires, les photocopieuses avaient défini le terme de "couper-coller", certes à l'époque de manière plus manuelle. Et, d'un autre côté, est-ce que notre monde actuel ne doit pas énormément, justement, au fait que des moines copistes aient copié et recopié le savoir écrit?

Nous pourrions en déduire que le seul fait de "copier-paster (ou couper coller, si vous préférez)" n'est pas mauvais en soi. Il faut aller plus loin pour détecter une "mauvaise" intention (les juristes parleraient du dol). Si, effectivement, des élèves et étudiants se contentent de rassembler des données sur Internet pour les insérer par la suite dans un devoir, dont le seul mérite est d'être volumineux, il est vrai, que cette pratique est méprisable. Mais d'autre part, n'est-elle pas engendrée quelque peu et trop souvent par les attentes de nos systèmes éducatifs?

Restons donc dans le domaine d'Internet où nous trouvons des exemples à longueur de journée, démontrant que le pompage, plagiat et/ou vol de données sont monnaie courante. (Pour voir les exemples ou en détecter, aller sur http://tecfa.unige.ch/themes/FAQ-FL/originality_results.html). Néanmoins, toute redondance d'information n'est pas nécessairement un plagiat ou un vol. Nombre de pages se servent, moyennant paiement, d'une même source, l'exemple le plus évident étant celui des agences de nouvelles. Et, c'est justement la manière dont les journalistes vont traiter l'information de base qui en fait la richesse.

Et d'ailleurs, pourquoi réinventer la roue à chaque fois que l'on veut construire une voiture? Prendre une information dans une source existante n'est pas forcément mauvais, à condition de citer ses sources. Cette pratique fait partie du travail quotidien des journalistes et chercheurs dans leurs publications. (À ce sujet nous voudrions nous excuser auprès de l'EPT d'avoir perdu l'indice de source dans le schéma utilisé dans paperJam 02/2001).

En fait ne faudrait-il pas, plutôt que d'essayer de réprimer la pratique clandestine du copy-paste, d'essayer de la canaliser? Il y a beaucoup plus de polémiques autour de l'accès à l'information alors que la problématique de son organisation, beaucoup plus importante à mes yeux, est souvent négligée.

Or, utiliser des informations existantes pour en créer de nouvelles n'est rien d'autre qu'une forme d'organisation.

Il est évident que de nombreuses questions devront encore être discutées. Des questions relatives aux droits d'auteur et aux droits d'utilisation. Est-ce que tout ce qui est publié, donc librement accessible sur Internet, est aussi librement disponible pour l'usage privé ou professionnel' Place aux juristes pour reprendre ces questions dans une prochaine chronique.