Message à double sens ou périlleux exercice de diplomatie? Interrogé lundi par Bloomberg lors du World Economic Forum, Pierre Gramegna (DP), ministre des Finances, a tenté de réaliser un grand écart pour clarifier les conséquences concrètes du Brexit sur la Place luxembourgeoise. Vantant d’un côté «les solides relations qui existent avec Londres», le ministre souligne de l’autre «les avantages d’être un pays qui se trouve au sein de l’Union européenne». Pas évident donc d’adopter tour à tour deux casquettes: celle d’un ministre européen qui «regrette» le Brexit mais qui se doit de «respecter le vote démocratique des citoyens britanniques» et celle du ministre luxembourgeois des Finances qui note que «les grands acteurs chinois se sont déjà tournés vers le Luxembourg».

Longuement questionné sur les conséquences concrètes de la sortie de la City du marché unique pour la Place, Pierre Gramegna estime que le Brexit «a été un choc, mais ce n’est aucunement une crise». De fait, le ministre des Finances juge qu’«il ne faut pas se précipiter pour tirer des conclusions» et «prendre le temps de nouer un nouveau cadre qui sera bénéfique aux deux parties». En attendant que Londres enclenche la procédure de sortie de l’Union via l’application de l’article 50 du traité de Lisbonne, «le Royaume-Uni reste membre de l’UE et membre à part entière», rappelle-t-il, tout en précisant que «la Place ne va pas prendre du business à Londres» et que «nous allons continuer à collaborer pour conserver le business dans le futur».

Le Luxembourg, une destination de choix pour les obligations Dim Sum.

Pierre Gramegna, ministre des Finances

Souhaitant mettre en place «le meilleur arrangement pour aboutir à un divorce par consentement mutuel», Pierre Gramegna estime que la décision des Britanniques «va rendre la situation européenne difficile dans les prochains mois, mais encore plus difficile celle du Royaume-Uni» qui s’apprête à perdre son appartenance au marché unique. Un argument mis en avant par le grand argentier luxembourgeois, au même titre que l’appartenance du Grand-Duché à la zone euro, dans le cadre de la compétition que se livrent les États pour attirer à eux les investissements chinois.

Et le ministre de rappeler que «le Luxembourg est une destination de choix pour les obligations Dim Sum, le no1 mondial derrière les États-Unis pour les fonds d’investissement et le no1 en Europe pour l’internationalisation du renminbi». Sans compter «les liaisons qui existent de longue date avec la Chine et Hong Kong». De quoi peut-être faire pencher la balance en faveur de la Place dans la compétition qui l’oppose à la City.