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Le marché de l’emploi peut s’éclairer à différentes lumières. Dans une récente étude, le Statec évoque le « halo du chômage  ». Il est constitué par « deux zones grises, entre le chômage et l’inactivité, et entre le chômage et l’emploi ». La première comprend des personnes inactives qui, sans être considérées comme étant des chômeurs, au sens des définitions du Bureau international du Travail (BIT), gardent un lien avec le marché du travail. La deuxième englobe des personnes qui ont un emploi à temps partiel mais qui souhaitent travailler davantage.

Pour être chômeur au sens du BIT, un individu ne doit pas avoir travaillé, ne serait-ce qu’une heure, durant la semaine de référence. Il doit aussi être disponible pour un emploi endéans les deux semaines et être activement à la recherche d’un travail. À côté du chômage, le BIT prévoit deux cases : le statut « en emploi », où l’on entre en travaillant au moins une heure ; sans emploi, sans disponibilité ou sans quête de travail, la personne devient « inactive ».

À cette aune, un chômeur partiel, cela n’existe pas. Une personne qui cherche du travail mais n’est pas disponible immédiatement est « inactive », alors que, en prospectant, elle participe à la dynamique du marché du travail.

À Eurostat, un groupe de travail a voulu créer des indicateurs complémentaires : les personnes employées à temps partiel qui souhaitent travailler davantage, les personnes en recherche d’emploi sans être immédiatement disponibles, et les personnes disponibles mais qui ne cherchent pas… Ces deux derniers groupes forment la « force de travail potentielle ». Au Luxembourg, le Statec note que la population en âge de travailler – 391.637 personnes entre 15 et 74 ans, en 2011 – a progressé de 2,4 % en un an. Dans le même temps, l’emploi a progressé de 1,1 %, pour concerner 225.409 personnes. Parmi elles, 3.764 sont considérées en sous-emploi (travaillant moins que ce qu’ils peuvent ou souhaitent).

Ceux qui ne cherchent pas

Si l’on prend les critères du BIT, le nombre de chômeurs (12.171 en 2011) a augmenté de 18 % entre 2010 et 2011. La « force de travail potentielle » a, elle aussi, augmenté, de quelque 6 %, pour atteindre 12.863 personnes… Selon le Statec, dans ce groupe, « 11.683 personnes sont disponibles pour travailler mais ne recherchent pas activement un emploi. Il s’agit là de chômeurs découragés, qui ont arrêté la recherche active, ou de personnes qui sont empêchées dans la recherche active d’un emploi pour des raisons familiales ou personnelles ». Restent 1.180 personnes, qui déclarent rechercher un emploi, mais ne sont pas disponibles pour commencer à travailler dans les deux semaines.

La façon de voir peut tout changer : en 2011, le taux de chômage, au sens du BIT, a été de 5,1 % au Luxembourg ; en tenant compte de la force de travail potentielle, le taux passerait à 10 % !

Cela démontre aussi que, entre les appellations et les chiffres, il y a la perception qu’on peut en avoir… Le Statec, se référant à une enquête menée auprès des personnes en âge de travailler, note que, parmi les personnes « en sous-emploi », 81 % déclarent être « en emploi » ; 52 % seulement des chômeurs se considèrent comme étant au chômage et 23 % d’entre eux indiquent le travail domestique comme activité. On retrouve d’ailleurs, dans cette population, des étudiants, des retraités… Le Statec en arrive notamment à la conclusion que, au Luxembourg, « un chômeur BIT sur trois se passe des services de l’Adem ».

Il reste à se comparer avec les voisins. Si le sous-emploi représente 1,7 % de l’emploi national au Luxembourg, la moyenne des 27 pays membres de l’UE s’établit à 4 %. Vu comme ça, la Belgique (0,8 %) et les Pays-Bas (1,4 %) ont des taux plus faibles que le Luxembourg. La France (4,4 %) et l’Allemagne (5 %) affichent en revanche un taux supérieur à la moyenne.

Halo des chiffres ou flou artistique auquel on peut mettre le holà ?