Que se passe-il chez Cargolux? Quelques jours après le bouclage de l’entrée de Qatar Airways au capital de l’entreprise (35%), la confusion semble régner au sein de la compagnie luxembourgeoise.
Deux nouvelles sont venues jeter le trouble au début du week-end, à l'issue du conseil d'administration du 16 septembre. Outre l’annonce surprise du départ du directeur financier David Arendt, qui rejoint la nouvelle zone franche de l’aéroport, Cargolux a fait savoir qu’elle renonçait, contre toute attente, à la livraison des deux premiers Boeing 747-8. Explication: «des problèmes contractuels non résolus».
Réunion très importante
Les appareils devaient pourtant atterrir au Grand-Duché dès cette semaine.
Cargolux se refuse toujours à ajouter le moindre détail et renvoie les curieux au communiqué de presse.
Martine Scheuren, porte-parole de la compagnie de fret, évoquait seulement ce matin l’imminence d’une réunion très importante.
Boeing a également refusé de s'étendre sur le sujet.
Dans son communiqué, Cargolux indique néanmoins souhaiter trouver une solution alternative dans le cas où les problèmes ne pourraient être résolus à temps, de façon à satisfaire les besoins de sa clientèle avant la haute saison.
Selon certaines sources, l'avion que Boeing devait livrer avec deux ans de retard n'était pas conforme aux attentes de Cargolux, son premier client pour ce produit, ni aux promesses faites lors de la commande. En cause: la qualité des moteurs General Electric et une capacité de chargement plus petite que prévu.
L'entrée de Qatar Airways à son capital aurait permis à Cargolux d'inverser le rapport de force avec son puissant fournisseur américain et de ne finalement pas céder dans la partie de poker à laquelle se livraient les deux sociétés depuis plusieurs semaines.
De quoi se payer le luxe de tout annuler au dernier moment pour obtenir des compensations financières plus généreuses. Une très mauvaise opération de communication de Boeing, qui devra maintenant se justifier auprès de ses autres clients, même si la commande de Cargolux ne serait pas remise en cause.
Une entrée au capital d'EADS?
D'autres hypothèses circulent. Ces décisions surprises résultent-elles de problèmes de gouvernance au sein de l'entreprise de fret et d’une volonté de Qatar Airways d’imposer ses choix face aux actionnaires luxembourgeois (65%), dont la compagnie nationale Luxair (43,5%)?
Alors qu'Albert Wildgen vient d'être nommé président du conseil d'administration de Cargolux en remplacement de Marc Hoffmann, il a déjà annoncé qu'il ne poserait pas sa candidature pour un renouvellement de son mandat lors de la prochaine assemblée générale, prévue en mars 2012. Officiellement, l'ancien avocat et président de l'Administration des biens du Grand-Duc, invoque des obligations professionnelles ainsi qu'un agenda déjà surchargé.
Difficile d’en savoir plus pour l’instant. A moins qu’une autre explication encore doive être trouvée du côté des appétits capitalistiques du Qatar.
Selon Der Spiegel, l’émirat pourrait acquérir une participation de 7,5% au sein du capital d’EADS, principal concurrent de Boeing, soit la moitié des parts actuellement détenues par Daimler. Le groupe allemand détient 15% des actions d’EADS et 22,5% des droits de vote.
Toujours selon Der Spiegel, Berlin préfèrerait toutefois qu’un autre actionnaire allemand se substitue à Daimler.
La composition du nouveau conseil d'administration
Le nouveau conseil reflète la composition du nouvel actionnariat après la sortie de l'Etat et de BIP.
(en gras: les nouveaux membres)
Président: Albert Wildgen, independant director
Les représentants de Luxair (43,5%):
Marc Hoffmann, chairman of the board, LuxairGroup
Adrien Ney, president and chief executive officer, LuxairGroup
Françoise Thoma, executive vice president, BCEE
Tom Weisgerber, Premier conseiller de Gouvernement, ministère du Développement durable et des Infrastructures
Les représentants de Qatar Airways (35%):
Akbar Al Baker, Chief executive officer, Qatar Airways
Richard Agutter, consultant
Dr. Hussain Al Abdulla, Qatar Investment Authority
Le représentant de BCEE 10,9%):
Jean-Claude Finck, president and chief executive officer
SNCI (10,7%): Gaston Reinesch, president
Les représentants du personnel:
Pierre-Olivier Edouard, first officer
George Karambilas, captain
Fred Lopes da Silva, technician (Sr), Line and Hangar Maintenance
David Massaro, supervisor (Sr), Material Repairs
Astrid Mosel-Kneip, permanent delegate, Staff delegation