Hervé Burger: «La confusion est toujours mauvaise conseillère et il ne faudrait pas que la volatilité exacerbée des marchés boursiers vienne paralyser les investisseurs.» (Photo: archives paperJam)

Hervé Burger: «La confusion est toujours mauvaise conseillère et il ne faudrait pas que la volatilité exacerbée des marchés boursiers vienne paralyser les investisseurs.» (Photo: archives paperJam)

Le fort recul des marchés d’actions intervenu en août et septembre (avec une baisse cumulée de près de 14% de l’indice Eurostoxx 50) ainsi que le rebond observé depuis deux semaines (voir graphe) ont été marqués par de nombreuses séances de Bourse souvent spectaculaires dans leur amplitude: on note en effet depuis début août près de 15 séances avec des cours de clôture en hausse ou en baisse de plus de 2% par rapport à la veille pour l’Eurostoxx 50. Ce niveau de volatilité des marchés n’avait plus été observé depuis la crise de l’été 2011, et nous ne parlerons pas des fluctuations folles de la Bourse chinoise de Shenzen.

Ce type de nervosité est souvent associé à la perception par les marchés financiers de situations à risque et confuses, et dont la sortie suscite peur et interrogations. Trois grandes questions taraudent actuellement les investisseurs.

La première concerne la situation chinoise. Il faut bien rappeler que c’est la décision des autorités chinoises de dévaluer légèrement le yuan qui a mis le feu aux poudres en août. Début d’un cycle de dévaluation compétitive, ou volonté d’une flexibilité accrue de la devise, la question n’est pas tranchée par les experts. Une chose est sûre, l’économie chinoise ralentit, toute la question est de savoir si nous sommes face à un «hard landing» ou un «soft landing». Mais avant de connaître le futur de la Chine, il faudrait déjà pouvoir connaître sa situation présente, ce qui ne rassure pas les marchés: le gouvernement chinois nous annonce une croissance de 7% pour l’année 2015, les experts du FMI étant assez proches de ce chiffre avec une croissance de 6,80%. Mais dans le même temps, des économistes de premier plan, se basant sur la production d’électricité et de ciment, nous annoncent que la croissance serait plutôt de l’ordre de 2 à 3%. Qui croire? Ce n’est pas un détail pour calculer la croissance de l’économie mondiale, la Chine étant devenue la deuxième puissance économique du monde.

La deuxième source de confusion vient des discours peu clairs de la Réserve fédérale américaine quant à la date de sa prochaine hausse des taux. Rappelons que nous n’avons connu que 12 cycles de hausse des taux depuis les années 1950 et que la première hausse des taux d’un nouveau cycle est toujours un événement majeur, souvent accompagné de mouvements importants sur les marchés d’obligations, d’actions et des changes. À chaque nouveau meeting, la Fed sort de son chapeau un argument pour ne rien faire: ce furent en septembre les incertitudes économiques dans les pays émergents pouvant à terme peser sur la croissance américaine. La présidente de la Fed nous a cependant assuré une semaine plus tard qu’un mouvement de hausse aurait bien lieu d’ici la fin d’année. Entre le dire et le faire, il y a un pas et madame Yellen semble tétanisée par le passage à l’acte, ce qui ajoute à la confusion ambiante.

La troisième source d’incertitude concerne le prix du pétrole et plus généralement de l’énergie et des matières premières. Reflet d’une demande mondiale en berne? Ou offre devenue trop importante et manipulée par certains pays producteurs? En tout cas, les conséquences sont multiples: effets déflationnistes, nombreux pays producteurs en difficulté, entreprises du secteur lourdement endettées et qui pourraient faire défaut à brève échéance. Situation aussi confuse que les prévisions d’experts reconnus, qui voyaient encore il y a quelques mois un prix du baril durablement au- dessus de 100 USD, et qui le voient maintenant descendre à 20 USD.

La confusion est toujours mauvaise conseillère et il ne faudrait pas que la volatilité exacerbée des marchés boursiers vienne paralyser les investisseurs et mette en danger la bonne trajectoire économique américaine et le début de reprise, tant attendu, dans la zone euro.