Le grand chantier des smart meters a démarré le 1er juillet 2016 au Grand-Duché. Ainsi, depuis un an, des compteurs électriques dits «intelligents» remplacent les anciens lorsque nécessaire ou à l’occasion de nouvelles installations. Ces appareils devront être déployés dans tout le pays d’ici la fin 2019 (fin 2020 pour la nouvelle génération de compteurs à gaz connectés). Or, parfois, ça coince…

Le compteur est la propriété du gestionnaire 

Certains utilisateurs freinent des quatre fers, méfiants de voir arriver chez eux des boîtiers numériques et connectés. Les questions les plus fréquentes portent sur les impacts sur la santé, la sécurité des données et l’obligation d’accepter l’installation. La réponse à cette dernière interrogation est peut-être la plus simple: oui, une loi de 2012 impose à tous les gestionnaires de réseaux d’électricité et de gaz de changer les compteurs existants en respectant un calendrier établi. En outre, les compteurs n’appartiennent pas au client, mais au gestionnaire de réseau.

C’est donc lui qui définit les caractéristiques des compteurs et, en cas d’opposition des utilisateurs, il serait en droit de résilier le contrat et d’interrompre la fourniture de service. «Les gestionnaires de réseau essaient d’éviter cette décision extrême et optent à chaque fois pour une démarche pédagogique», rassure Paul Hoffmann, CIO du groupement d’intérêt économique Luxmetering, créé par Creos Luxembourg, la Ville d’Ettelbruck, la Ville de Diekirch, Hoffmann Frères (Electris), la Ville de Dudelange, Sudstroum et Sudgaz.

Des compteurs plus écolos et plus économes

Une des grandes promesses des smart meters est la possibilité d’intégrer davantage de production d’énergie locale et renouvelable dans le réseau électrique grâce à une gestion fine et pratiquement en temps réel des pics de consommation et de production. Dans la même idée, le compteur intelligent permet aux usagers de suivre leur consommation heure par heure, et ce sur plusieurs années. Une observation qui incite l’usager à maîtriser sa consommation et qui autorise une facturation au réel – et non plus à l’avance, sur la base d’une estimation. Voilà de quoi potentiellement réaliser des économies sonnantes et trébuchantes. 

Concernant la protection des informations, Luxmetering garantit que la collecte et le stockage des données utilisent les meilleures technologies de sécurité actuellement disponibles. Les informations sont chiffrées et stockées au Luxembourg sur des serveurs appartenant au GIE. Les dispositifs ont été testés par des spécialistes de la sécurité et sont passés sous les fourches caudines de hackers éthiques. Par ailleurs, les lois luxembourgeoises d’organisation des marchés de l’électricité et du gaz encadrent très précisément le traitement qui peut être fait de ces données: elles sont destinées exclusivement à la facturation et à la gestion des réseaux et ne sauraient être vendues à d’autres fins. 

Aucun danger pour la santé

Le point de crispation le plus fort reste celui des risques sur la santé. Les smart meters communiquent via le courant porteur en ligne (CPL), et des mesures de champs électromagnétiques ont été réalisées par l’Agence nationale des fréquences (ANFR). Les résultats concluent que la transmission des signaux CPL n’augmente pas de manière significative le niveau de champ électromagnétique ambiant. Dans tous les cas, les valeurs se situent largement en dessous des limites réglementaires. Cela ne suffit pas à convaincre tout le monde. Ainsi, sur 150.000 nouveaux compteurs installés à ce jour, Luxmetering se serait heurté à quelques centaines de refus.