Paperjam.lu

 

«RPA», «Digital Labor»... Bien que ces termes soient couramment cités, ils restent sans aucun doute un des concepts les moins bien maîtrisés, comparés à d’autres évolutions digitales qui ont touché le secteur financier. Il est vrai qu’il n’y a aucune définition commune pour le «Digital Labor» en général ou la «Robotic Process Automation», ou RPA, en particulier. Du logiciel qui automatise une partie d’un processus métier à l’interface quasi humanoïde de l’intelligence artificielle, chacun y va de son interprétation. Mais derrière cet acronyme se cache la promesse de gains de productivité substantiels pour l’industrie financière, et l’une des clés pour répondre aux challenges à venir.

Derrière la RPA se cache la promesse pour l’industrie des services financiers de gains de productivités substantiels.

Julien GanterJulien Ganter, Associé (KPMG Luxembourg)

Vers une nécessaire transformation technologique

Malgré une forte croissance, le secteur financier a connu ces dernières années une évolution accélérée, due à une réglementation contraignante et une compétition accrue via de nouveaux entrants, disruptifs et plus agiles technologiquement. Cette compétition, ainsi qu’une forte pression sur les coûts, oblige les acteurs établis à réagir. Et cette réaction passe par une gestion plus intelligente du travail.

Celle-ci s’est faite jusqu’à présent via un arbitrage dans la localisation des différents processus métiers, à savoir l’offshoring d’une partie de leurs activités. Mais cette stratégie a montré ses limites aussi bien en termes de gains de productivité que dans la maîtrise de la chaîne de production.

Une autre voie a été suivie pour certaines activités de front-office, à haute valeur ajoutée, à savoir celle des investissements massifs dans la haute technologie, qui a mené à l’explosion des activités de trading haute fréquence. La RPA n’est que la suite logique de cette voie appliquée aux activités de middle et back-office, apportant de multiples bénéfices par rapport à l’offshoring:

Et pourtant, échaudées par l’apparente complexité et l’ampleur du sujet, les sociétés financières sont encore peu nombreuses à avoir entamé leur mue et intégré la RPA.

Les bénéfices de la RPA: efficience et économies

Au vu des évolutions technologiques récentes, la RPA peut remplir aujourd’hui toutes ses promesses. Parmi ses nombreux avantages, il permet:

  • d’améliorer la précision des processus opérationnels en réduisant le risque d’erreur humaine;
  • d’améliorer la qualité en concentrant le travail humain sur les tâches à haute valeur ajoutée;
  • d’accélérer la rapidité d’exécution des opérations;
  • d’avoir recours au big data et à l’analyse de données, sources d’amélioration et de standardisation importantes (e.g. pour des besoins d’AML/KYC, Fatca, etc.);
  • de fluidifier le processus d’échange de données entre les différents départements opérationnels.

La RPA sous toutes ses formes amène la promesse non seulement d’une réduction significative des coûts mais également d’une amélioration de l’efficience opérationnelle à un niveau inédit.

Julien GanterJulien Ganter, Associé (KPMG Luxembourg)

Alors pourquoi si peu d’adhésion?

Tout d’abord parce que la technologie n’a que très récemment atteint un niveau acceptable de sophistication pour les besoins du secteur financier. Depuis deux à trois ans, l’intelligence artificielle des «bots», leur degré d’automatisation, ainsi que leur facilité d’implémentation se sont significativement accrus et ont permis d’envisager leur utilisation pour des tâches complexes.

Ensuite, parce que les sociétés ont du mal à définir leur approche RPA au sein de leurs opérations. Dans le cadre d’une telle transformation, différents freins peuvent apparaître:

  • l’effort de documentation. Les processus doivent être revus et documentés pour permettre la conversion à un format d’instructions «digérable»;
  • la résistance au changement de la part d’une partie du management;
  • la mise en place d’une véritable culture de l’innovation au sein de la société. La RPA est un élément qui doit s’intégrer dans le cadre d’une stratégie digitale plus large.

Cette situation entraîne une non-préparation sur l’approche à suivre, mais ne doit pas empêcher le lancement d’initiatives RPA qui sont clés pour le développement de l’entreprise.

Une place prépondérante dans l’industrie financière

La RPA s’est durablement installé chez les acteurs du secteur financier où il commence à générer des résultats concrets, et où, couplé à l’intelligence artificielle, il apporte des gains de productivité tout en assurant des processus opérationnels plus sûrs et plus rapides ainsi qu’un meilleur service aux consommateurs finaux.   

Aujourd’hui, il n’est plus réellement question de savoir si l’on souhaite lancer de telles initiatives, mais plutôt de savoir comment l’on souhaite les déployer. Le potentiel de transformation de la RPA et de l’automatisation cognitive dans le secteur financier est à l’égal de l’automatisation des industries automobiles: c’est un véritable «game changer».