Bernard Fontanive (Propoze)  (Photo: Olivier Minaire)

Bernard Fontanive (Propoze)  (Photo: Olivier Minaire)

Le bilan carbone fait partie des termes qui sont apparus avec la sensibilité à la problématique du développement durable. Concrètement, toutes les entreprises ne s’y sont pas encore attaquées… ou n’ont même pas creusé la question.

Un bilan carbone mesure les quantités de gaz à effet de serre émis par une entreprise ou une collectivité. Son usage est multiple. Bernard Fontanive, managing partner de Propoze, explique ainsi qu’il permet non seulement de « mesurer sa dépendance aux énergies fossiles, d’initier des actions concrètes de réduction, mais aussi d’anticiper les risques économiques dus au ‘coût carbone’ ». Sa portée et sa complexité dépendent fortement du périmètre d’étude choisi, de la taille de la structure ou du nombre de sites audités. À chaque entreprise, donc, de décider jusqu’où aller. « Pour une PME, un bilan carbone incluant la sensibilisation, l’étude préliminaire, la collecte des données, l’exploitation des résultats et l’établissement des pistes d’action de réduction, représente une dizaine de journées de consultance. » Soit une charge réelle, mais non rédhibitoire.

Son coût va en fait être mesuré à l’aune de l’usage qui sera fait de ses résultats. Il peut permettre de mettre en avant la vulnérabilité d’une entreprise aux fluctuations du prix de l’énergie ou à la taxation des gaz à effet de serre. « D’une manière plus générale, ajoute Bernard Fontanive, quel que soit le projet dans lequel investit une entreprise, qu’il soit de nature responsable ou pas, celui-ci doit se traduire par des bénéfices. Dans le cas du bilan carbone, les bénéfices sont nombreux. »

Sur le plan économique, il permet, en donnant des outils pour réduire ses émissions, de diminuer les factures associées. Sur le plan commercial, l’entreprise prouve son respect des clients et peut donc l’utiliser comme argument de vente vis-à-vis des consommateurs, qui sont de plus en plus sensibilisés aux problèmes environnementaux. Dans la même veine, l’image de l’entreprise devient celle d’une organisation citoyenne. Sur le plan social, les équipes se sentent concernées et peuvent à leur tour développer des attitudes indivi­du­elles responsables. Enfin, de la manière la plus évidente, la réduction des émissions de gaz à effet de serre a un impact réel sur l’environnement et permet de lutter contre le réchauffement climatique. Ceci posé, toutes les entreprises sont-elles dans une situation où un bilan carbone est pertinent ? Pour Bernard Fontanive, la réponse est claire : « Il n’y a pas que les transports et les industries qui sont responsables des émissions de gaz à effet de serre. De l’unipersonnelle à la multinationale, toute entreprise consomme de l’énergie, achète du matériel et des consommables, effectue des déplacements, rejette des déchets. » Autrement dit, à son échelle, chaque entreprise peut mesurer son impact et prendre des mesures pour le diminuer.

Quant à savoir si les entreprises du Luxembourg s’y investissent beaucoup, la réponse est en demi-teinte : « La démarche n’est pas encore courante. Comme pour toute bonne pratique de responsabilité sociétale, les entreprises ont encore du mal à s’engager, car ces engagements représentent des ressources financières et humaines pour lesquelles les bénéfices, notamment économiques, n’ap­paraissent pas comme une évidence. »

Le constat est triste, car le bilan carbone, avec les actions de réduction qui en découlent, représente un moyen à la fois concret et simple d’inscrire son entreprise dans une démarche res­ponsable.