Claude Turmes espère voir la Commission européenne s’emparer de nouveau du dossier de l’économie circulaire. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Claude Turmes espère voir la Commission européenne s’emparer de nouveau du dossier de l’économie circulaire. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Ce mercredi, le Parlement européen est appelé à voter un rapport plaidant pour le passage à une économie circulaire. Il a passé le cap de la commission de l’environnement du Parlement à la mi-juin et ses promoteurs espèrent, via son adoption, envoyer un signal fort vers la Commission.

C’est que les deux organes ne semblent pas d’accord sur l’importance à donner à un nouveau schéma économique qui prévoit la réutilisation des déchets en tant que matières premières. À peine en place, la Commission Juncker a en effet mis au placard le «paquet sur l’économie circulaire» développé par la précédente Commission, à l’initiative du commissaire à l’Environnement, Janez Potocnik. Il devait modifier la législation européenne sur les déchets pour en limiter la production.

La Commission poussée dans le dos

Mais le vice-président de la Commission Juncker, le Néerlandais Frans Timmermans, bien décidé à moins légiférer d’ici à 2019, a gelé le travail de la précédente Commission tout en promettant une directive plus ambitieuse sur l’économie circulaire d’ici la fin 2015.

Résolu à ne pas «attendre et voir», le Parlement a donc développé son rapport pour pousser l’exécutif européen dans cette voie. «Nous avons tenu à lui proposer des réformes ambitieuses», explique le Luxembourgeois Claude Turmes (Déi Gréng), député vert européen et membre de la commission environnement. «Nous proposons par exemple une diminution de 30% de l’utilisation des ressources d’ici 2030, qu’il s’agisse des matériaux, de l’eau ou de la terre cultivable.» Une mesure qui devrait être contraignante.

Nous avons tenu à lui proposer des réformes ambitieuses.

Claude Turmes, eurodéputé du groupe des Verts/ALE

Le rapport veut aussi bannir les substances dangereuses dans la production qui rendent très compliqué le recyclage de certains produits. «Si l’on regarde le secteur du bâtiment, qui concentre à lui seul 35% de la consommation de matériaux, le but est d’arriver à déconstruire plutôt qu’à démolir», explique le député vert.

Le rapport demande aussi d’empêcher l’incinération des déchets recyclables ou compostables et l’interdiction pure et simple de la mise en décharge, qui reste encore la solution la plus utilisée dans certains pays de l’Union européenne. Il prône aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire.

Nouvelles opportunités dans le leasing

Pour Claude Turmes, l’économie devrait se tourner davantage vers les pratiques du leasing plutôt que l’achat afin d’éviter le gaspillage, comme l’ont déjà bien compris certaines firmes qui sont passées de la vente au leasing. Avec comme conséquence, un meilleur entretien et une durée de vie plus longue du produit.

«C’est un modèle qui peut offrir de nouvelles opportunités pour la place financière luxembourgeoise», pointe le député. Il estime aussi qu’un jour on verra aussi des fonds d’investissement s’intéresser aux sociétés actives dans l’économie circulaire. Il plaide donc pour que le Luxembourg, qui a déjà des compétences claires d’ingénierie en économie recyclable, puisse les combiner avec une expertise financière dans le domaine.