Claude Strasser, sixième du Paperjam Top 100 édition 2014. (Photo: Mike Zenari)

Claude Strasser, sixième du Paperjam Top 100 édition 2014. (Photo: Mike Zenari)

Six mois après son arrivée à la tête de l’Entreprise des P&T, Claude Strasser, 42 ans, figurait déjà dans le classement des 100 décideurs les plus influents (à la 59e position). Deux ans et un rebranding plus tard, le directeur général de Post Luxembourg se retrouve, presque en toute logique, bien ancré dans le Top 10.
N’étant pas, contrairement à ses prédécesseurs, du sérail, Claude Strasser a clairement eu les coudées franches pour insuffler un nouvel élan à l’entreprise publique, qui est un des plus gros employeurs du pays avec près de 4.000 salariés. «Les choses n’avancent pas toujours aussi vite qu’on le voudrait», concède-t-il, sans pour autant se plaindre. «Je sais que j’ai le plein soutien de mon ministre de tutelle (Étienne Schneider, ministre de l’Économie, qui était déjà là au moment de la nomination de M. Strasser en 2012, ndlr) et de la secrétaire d’État (Francine Closener, ndlr). Je sais que si j’ai besoin de quelque chose, je peux me faire entendre. Ce qui ne veut pas dire non plus que j’obtiens tout ce que je veux…»
Il concède volontiers que les six premiers mois de sa prise de fonction ont été particulièrement exigeants, aussi bien pour lui que pour ceux qui ont travaillé avec lui. «Mais on voit maintenant les effets positifs qu’un regard externe peut avoir. Le groupe a une autre approche aujourd’hui et une grosse majorité des collaborateurs peut le confirmer.» Nul doute que la nouvelle identité visuelle, introduite avec succès en juin 2013, a largement contribué à porter ce renouveau.

L’ICT, pilier fort

Le parallèle avec la situation politique du pays est évidemment tentante: le «renouveau» appelé de ses vœux par la nouvelle équipe gouvernementale est également en marche, mais Claude Strasser ne tient pas forcément à tirer un premier bilan après un an de coalition tricolore. «Cela me gêne cette habitude vouloir à tout prix faire le point après un an, six mois ou même 100 jours. J’y ai aussi eu droit aux 100 jours. Je n’ai aucune sympathie pour cette échéance. Je suis plutôt quelqu’un qui préfère voir à moyen et long termes.»
Cela ne l’empêche pas de constater que bon nombre de choses se sont mises en route, dans la continuité d’un bouleversement politique que le pays n’avait pas connu depuis plus de 30 ans. «On remarque aussi que les choses changent au travers des réactions des représentations syndicales. Ça fait du bruit! C’est quand il y a léthargie et trop de calme que ce n’est pas normal.»
Si Post Luxembourg est actif sur trois piliers, c’est celui de l’ICT et des télécoms qui est le plus porteur, représentant près des trois quarts du chiffre d’affaires. Et dans ce domaine, la stratégie Digital Lëtzebuerg qui est en phase d’implémentation ne peut que rencontrer son approbation. «Le fait que le Premier ministre ait aussi repris la responsabilité des télécommunications est une preuve d’engagement concret. Sa présence dans bon nombre d’événements du secteur est un signal fort qui rejaillit sur tout ledit secteur et semble créer une certaine dynamique.»
C’est clairement sur ce créneau que Post Luxembourg entend se positionner pour son développement futur, notamment dans tout ce qui touche à la cybersécurité: déjà bien pourvu en équipements, le groupe mise désormais sur le développement de services associés, à destination des entreprises, notamment, sur le mode «occupez-vous de votre métier, on s’occupe du reste». Une approche qui ne fait que s’inscrire dans l’évolution générale d’une économie qui ne peut plus se passer des technologies de l’information… au même titre que les technologies de l’information ont besoin de levier de croissance dans l’économie. «Le secteur financier peut constituer un formidable levier pour l’ICT. On ferait bien d’essayer de lancer concrètement son développement dans le monde financier.»

Le jury dit de lui:

«Très ouvert à l’innovation et au changement, cet homme de poigne, avec son équipe, a réussi à mettre le pays dans le peloton de tête de ceux qui ont la meilleure infrastructure ICT et continue résolument la difficile tâche d’apprivoiser la Poste, ce qui n’est pas un mince challenge.»

Claude Strasser

  • 42 ans
  • Directeur général de Post Luxembourg
  • Membre du conseil d’administration de la Fedil