Le choix des mots a son importance dans un pays bilingue, il faut faire attention aux chausse-trappes des faux frères. Cette confusion doit provenir de l’usage du mot «Laizist» en allemand (repris texto en luxembourgeois) qui veut dire laïcité en français, mais qui est mal traduit par laïciste.
À part monsieur Hoffmann, philosophe, personne n’a relevé cette confusion lors de l’émission qui risque de polluer inutilement un débat déjà passablement compliqué.
Rappelons brièvement que le laïcisme relève d’un courant de pensée qui cantonne l’expression religieuse à la sphère privée et qui n’a donc pas vocation à proliférer dans l’espace public ou à s’extérioriser dans l’exercice de la puissance publique (administration, écoles, etc.). Cette position compte encore de nombreux soutiens ici comme ailleurs.
La laïcité en revanche préconise un arrangement institutionnel, souvent légal, qui protège également toutes les formes licites de croyances (et les non-croyants). La définition juridique officielle de l’Observatoire de la laïcité en France, présidé par un ancien ministre, Jean-Louis Bianco, énonce clairement: «La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.» Nous pâtissons, au Luxembourg, d’un manque de clarté sur ce qu’on entend par le principe de neutralité de l’État, sur la portée de la séparation de l’État et de l’Église. Il nous faudrait définir notre définition de la laïcité. En tout cas, il vaut donc mieux utiliser le terme français «laïque» plutôt qu’allemand «Laizist» si on veut éviter des confusions délétères.
Clarification statistique
Lors du débat, la modératrice, madame C. Maart, a avoué qu’on n’avait pas de chiffres. Un participant s’est hasardé à lancer une statistique sortant d’une enquête de feu le Ceps, datant de 2008… Personne n’a relevé qu’on parlait de chose dont on ignorait tout.
On peut s’étonner du peu de cas qui est fait de l’indigence de statistiques sur le fait religieux (et spirituel), ni d’études sur le phénomène religieux (croyances, pratiques) alors que l’on veut enseigner le fait religieux dans nos écoles! J’avais proposé il y a quelque temps de créer un Observatoire des religions, de la spiritualité et de la laïcité qui aurait pour tâche, entre autres, de produire des chiffres sur les différentes dimensions des croyances religieuses.
Sans un tel outil, il est difficile de sourire et de comprendre d’éventuelles tendances à la radicalisation de jeunes, qui existent bel et bien également dans notre pays, si on ne se donne pas les moyens de comprendre le milieu religieux dans lequel ils baignent.