Pour faire face à une année 2016 mouvementée, cinq défis et risques sont présentés par Jean-Yves Leborgne. (Photo: ING Luxembourg)

Pour faire face à une année 2016 mouvementée, cinq défis et risques sont présentés par Jean-Yves Leborgne. (Photo: ING Luxembourg)

La montée de l’euroscepticisme

Les mouvements basés sur une rhétorique anti-européenne ont gagné du terrain en 2015 (FN en France, Ukip en Grande-Bretagne, Syriza en Grèce, Podemos en Espagne). Souvent l’Europe est pointée du doigt pour sa gestion de la crise, son influence sur le taux de chômage ou sa position inflexible par rapport à la dette publique. Lors des élections en Grande-Bretagne de mai 2015, le rôle futur du pays en Europe a été un sujet brûlant et le référendum prévu en 2016 apparaît comme un risque majeur pour l’économie européenne. Même si une sortie de l’UE ne fait pas partie de notre scénario, les récents sondages donnent le oui et le non au coude-à-coude. Une sortie affecterait le commerce intra-européen.

La divergence Fed/BCE

Pour la première fois depuis longtemps, les politiques monétaires de la Fed et de la BCE se sont retrouvées opposées. Alors que la BCE a étendu son programme d’assouplissement quantitatif à mars 2017, la Fed a entamé la lente normalisation de sa politique monétaire en relevant son taux directeur. La pression qu’impose la BCE sur les taux en zone euro est grande si bien que l’écart entre le niveau des taux aux USA et en zone euro s’élargit. La différence en termes de politique monétaire a déjà pesé sur le cours de change euro/dollar ces deux dernières années, passant de 1,38 début 2014 à 1,21 début 2015 et à 1,09 actuellement. Pour 2016, la pression reste forte et on peut s’attendre à s’approcher de la parité.

Le sempiternel problème grec

L’accord trouvé en juillet 2015 a eu pour effet de réduire le taux emprunteur lié à la dette grecque et d’étaler dans le temps la majorité des remboursements auprès des institutions européennes. La plupart des économistes ne croient pas que ces mesures permettront à l’économie grecque de se relever et pensent qu’une réévaluation du montant total de la dette devra être réalisée. Même à court terme, le poids de la dette publique sera important pour le gouvernement Tsipras. Le fait que les bons d’État grecs pourraient être éligibles au programme d’assouplissement quantitatif de la BCE en 2016 ne sera qu’un faible lot de consolation et on peut s’attendre à voir le gouvernement grec revenir à la table des négociations et agiter les marchés financiers.

Le ralentissement des pays émergents

Le ralentissement de la Chine devrait se poursuivre en 2016. La majorité des pays émergents ont suivi la Chine, notamment à cause du faible prix des matières premières. En 2016, il faudra aussi tenir compte du redressement des taux américains, ce qui devrait affaiblir certaines devises (real brésilien ou rand sud-africain) et accélérer les sorties de capitaux. Les pays émergents pourraient voir leurs exportations se redresser et de nombreuses sources de financement se tarir. Pour certains pays, une crise de change comme en 1997 est possible.

Intégration des migrants

L’arrivée massive de migrants a indubitablement eu un impact démographique en Europe et l’Allemagne est souvent citée comme la destination finale pour une majorité d’entre eux. Si des permis de travail sont octroyés en nombre significatif, une pression à la baisse sera exercée sur le niveau des salaires et pourrait affecter à la fois le pouvoir d’achat de certains ménages et la croissance des prix. Dans le contexte actuel où la croissance repose sur la consommation domestique et où on attend encore un rebond de l’inflation, la crise des migrants menace de faire dérailler la locomotive allemande. Par ailleurs, les dépenses gouvernementales mises en œuvre pour accueillir cette population auront un effet positif sur la croissance économique. Défi de taille donc pour la première économie de la zone euro…