Christophe Dardenne, administrateur délégué, directeur matériel, QSE et informatique – Costantini (Photo: David Laurent/Wide)

Christophe Dardenne, administrateur délégué, directeur matériel, QSE et informatique – Costantini (Photo: David Laurent/Wide)

Monsieur Dardenne, quelles sont concrètement vos missions en tant que responsable informatique au sein d’une entreprise de construction comme Costantini?

«Celles de chapeauter le service IT, avec l’informaticien qui le compose et le prestataire de services, Open Field, qui vient en support. En interne, nous faisons la maintenance serveurs, le support aux utilisateurs, quelques développements, la supervision des projets et la gestion de la téléphonie fixe et mobile.

Open Field, notre prestataire, nous supporte dans la maintenance serveurs et nous aide, comme consultant, dans les différents choix que nous devons opérer tant au niveau hardware que software. C’est lui aussi qui a réalisé l’audit qui nous a poussés à migrer vers une toute nouvelle infrastructure l’année passée.

Comment l’informatique est-elle intégrée dans les processus de décision de l’entreprise?

«J’ai plusieurs casquettes au sein du groupe. En tant que membre du comité de direction, quand un besoin se fait ressentir ou qu’une solution intéressante se présente, ils sont rapidement discutés.

Quels sont les choix technologiques qui ont été faits pour répondre aux besoins spécifiques des métiers de Costantini?

«Durant l’année 2010, nous avons rénové l’ensemble de notre infrastructure. C’était un chantier important, mais plus que nécessaire. Nous fonctionnions, jusqu’alors, avec une infrastructure sous-dimensionnée. C’est un audit de nos systèmes informatiques qui nous a permis d’en prendre conscience. Il nous a fallu urgemment investir dans des solutions nous permettant de répondre à l’ensemble de nos besoins et, à moyen terme, de mettre en place un ERP (Enterprise Resource Planning, ndlr.).

Quels sont les piliers de cette nouvelle infrastructure?

«Nous avons changé l’ensemble de nos serveurs. Nous avons remplacé les anciens par des serveurs HP G7 ESX, tous virtualisés. Nous avons remplacé nos firewalls, mis en place de nouveaux systèmes de back-up et de contrôle des systèmes. Par ailleurs, nous avons décidé de répliquer et de synchroniser l’ensemble de nos données sensibles sur notre site de Thionville. La nouvelle installation nous permet ainsi de bénéficier d’une meilleure sécurité et devrait augmenter notre vitesse de travail sur l’ensemble de nos postes. Nous sommes toutefois encore victimes de lenteurs de connexion au niveau de Schifflange, alors que sur la France, nous sommes connectés à la fibre optique.

Vous avez un projet de déménagement. Doit-il permettre, justement, de répondre à ce problème de connectivité?

«Certainement. Mais ce déménagement, prévu d’ici trois à quatre ans, doit aussi permettre une refonte de l’infrastructure informatique et du réseau. Nous désirons intégrer ces aspects dans la conception du bâtiment, en prenant en compte les concepts innovants comme celui d’économie d’énergie.

L’importance de l’IT a-t-elle évolué dans votre secteur d’activité ces dernières années?

«Aujourd’hui, sans l’informatique, on ne pourrait plus fonctionner, ne serait-ce qu’une journée. Cela est notamment dû à l’augmentation importante de nos activités depuis 2004. Aujourd’hui, la masse de données est telle qu’il nous faut un système informatique fiable, sécurisé, accessible et convivial d’utilisation. Cette migration, en 2010, était plus qu’indispensable.

Par ailleurs, l’informatique est présente à plusieurs niveaux. Elle est nécessaire au niveau de la gestion de l’entreprise, pour les aspects administratifs. Mais, tous nos conducteurs de chantiers disposent aussi d’un ordinateur portable et d’outils informatiques connectés à notre centrale. Par ailleurs, tous nos véhicules sont équipés d’un système de géolocalisation. Enfin, l’informatique constitue un bon vecteur de développement et d’amélioration des performances.

En quoi la sécurité des données, pour une entreprise de construction, est-elle critique?

«Elle est très importante au quotidien. Nous avons travaillé, en collaboration avec le Centre de Recherche Public Henri Tudor, à l’élaboration d’une politique de sécurité de l’information (PSI) en parallèle à l’obtention de la certification ISO 9001, que nous avons reçue en février dernier. Au-delà des aspects informatiques, bien sûr essentiels en la matière, il importe de faire prendre conscience aux utilisateurs de la notion de sécurité des informations, en leur disant, par exemple, de verrouiller leur ordinateur quand ils ne travaillent pas dessus, de ne pas laisser des documents ouverts dans une salle de réunion ou sur un chantier.

Quels sont vos projets, au niveau de l’informatique, pour l’année 2011?

«Nous avons comme projet de mettre en place le système ERP. Cette année 2011 sera celle au cours de laquelle nous allons rédiger le cahier des charges en vue de réaliser un appel d’offres. Nous serons, à ce niveau, accompagnés par une entreprise de consultance. La rédaction du cahier des charges est, en effet, une étape critique.

Il nous faut identifier l’ensemble de nos besoins pour y répondre au mieux. Nous espérons pouvoir lancer l’appel d’offres vers la fin de l’année 2011 et arrêter notre choix du prestataire et de la solution au plus tard au début de l’année 2012. Nous aimerions pouvoir bénéficier d’un système opérationnel pour le début de l’année 2013. Nous venons également de créer une branche de câblage de réseaux informatiques, en parallèle de notre activité d’électricité générale.

Que doit vous apporter concrètement cet ERP?

«Il doit nous permettre d’intégrer les différents services de notre structure, de l’étude des prix jusqu’à la gestion financière de l’entreprise en passant par l’analyse mensuelle des résultats de l’entreprise ou de l’état d’avancement des chantiers. Les achats, la gestion clients, la GED (gestion électronique des documents, ndlr.)… feront également partie de cet ERP.

A l’heure actuelle, ces services ne sont pas du tout intégrés, ou pas assez. Il arrive, pour l’instant, que l’on doive saisir deux ou trois fois certaines données. Cela constitue une perte de temps importante et une source d’erreurs énorme. Avec cet ERP, nous devrions être plus efficaces et nettement plus réactifs. Il doit nous permettre d’améliorer la gestion de l’entreprise, en ayant à notre disposition des données actualisées en temps réel, des tableaux de bord plus clairs et plus précis.

C’est important dans la conjoncture actuelle de pouvoir disposer de tels outils, d’être plus réactifs que jamais. On a pu constater l’importance de ce genre d’outils de gestion avec l’installation d’un ERP dédié à notre service matériel.

C’est-à-dire?

«En 2010, en parallèle à la migration vers la nouvelle infrastructure, nous avons implémenté un ERP au niveau de notre service matériel. Nous avons choisi la solution proposée par Mistral, une société française. Notre service matériel effectue de la location de matériel en interne et en externe, pour les différents chantiers. Cet ERP nous permet d’avoir un meilleur suivi de ces locations, mais aussi d’améliorer la maintenance du matériel, la planification et l’allocation des ressources aux différents chantiers, ainsi que de gérer la comptabilité générale et analytique du matériel.

Nous avons gagné beaucoup de temps au niveau de l’analyse des chiffres et des résultats de ce service qui représente un centre de coût important pour l’ensemble du groupe.

Comment choisissez-vous vos fournisseurs de solutions informatiques?

«Cela se fait via des appels d’offres. Nous définissons nos besoins, rédigeons des cahiers des charges et lançons les demandes de prix. De manière générale, il nous importe de trouver des solutions qui collent à nos besoins, qui puissent s’adapter à nos spécificités. En adoptant une nouvelle technologie, il faut des adaptations tant au niveau de l’entreprise que du logiciel.

Pour le choix de nos solutions, comme pour la rédaction du cahier des charges et l’identification de nos besoins, nous recourons donc à la société de conseils Open Field. Nous voulons éviter des outils qui exigeront des développements trop importants pour être implémentés chez nous. Dans nos choix, nous veillons à privilégier des solutions pérennes et fiables.

Vous ne réalisez pas de développements?

«Nous en faisons très peu. Nous avons développé notre intranet, un outil de communication indispensable pour l’entreprise. Nous avons aussi développé un outil de gestion du parc informatique et un outil de gestion documentaire pour nos factures fournisseurs, que nous avons commencé à développer en interne, puis confié à un prestataire externe pour le terminer.

Le développement, en interne, exige des compétences spécialisées. C’est la raison pour laquelle, désormais, nous préférons confier nos développements à des prestataires dont c’est le métier. Pour ces petits projets, nous privilégions généralement des solutions open source qui nous permettent d’obtenir des outils fonctionnels pour un coût réduit.

Un responsable informatique, selon vous, doit-il d’abord être un technicien ou un manager?

«Je ne suis pas du tout un technicien. Je pense que, dans tous les cas de figure, il faut avant tout être un manager. Le responsable informatique doit, je pense, surtout accompagner le changement. Il doit opérer un travail de lobbying au sein de l’entreprise, auprès des utilisateurs. Face aux changements, qu’ils soient liés à l’informatique ou pas, il est important de convaincre les utilisateurs, les membres du personnel, de l’intérêt des évolutions proposées.
Aussi, je pense qu’un responsable informatique doit rester proche du terrain, pour comprendre les besoins des utilisateurs et pouvoir y répondre. Mais, d’autre part, il faut aussi quelques connaissances techniques, pour comprendre l’intérêt des solutions.» 

 

Parcours - Quinze ans d’étapes

Christophe Dardenne est arrivé chez Costantini il y a 15 ans, alors fraîchement diplômé de l’Institut Gramme de Liège en tant qu’ingénieur industriel. D’abord conducteur de chantiers, il a progres­sivement occupé des postes à respon­sabilité dans cette entreprise de construction et de génie civil établie à Schifflange. Il est devenu directeur matériel en 2006, puis a repris la direction des aspects informatiques en 2008.
En janvier 2009, il est rentré dans l’action­nariat de la société, en même temps que trois autres cadres.
M. Dardenne, dans ses fonctions de direction, a également pris en charge les aspects Qualité, Sécurité et Envi­ronnement. Il est aussi administrateur délégué de l’entreprise qui, en 2004, s’est implantée en France (avec deux sites à Thionville et à Nancy), pour y développer ses différentes activités.
Aujourd’hui, le groupe Costantini emploie 400 personnes.