L’enquête peut être divisée en deux volets: un premier basé sur un échantillon représentatif de 500 résidents luxembourgeois à travers le panel Questions.lu (la consultation s’est déroulée au cours du mois d’octobre dernier) et un second s’appuyant sur un échantillon aléatoire de 261 décideurs issus de tous les secteurs. Et il apparaît d’emblée que l’image des chefs d’entreprise souffre d’un certain déficit: 39% des répondants issus du grand public et 40% des dirigeants considèrent ainsi qu’elle s’est détériorée depuis 2008.
«Dans un contexte de tensions accrues au sein de la tripartite, nous avons eu envie de mieux comprendre les mauvaises perceptions qui gravitent autour du patronat. La relance économique et le retour de la croissance vont exiger une bonne collaboration entre toutes les forces vives de l’entreprise. Nous avons souhaité quantifier ces idées reçues pour objectiver les constats. Cela a déclenché notre réflexion», introduit Laurent Muller, docteur en sciences économiques et l’un des associés de Muller & Associés.
Décalages de perceptions
Si les entreprises sont généralement reconnues par les sondés comme sources de richesses, l’engagement sociétal de leurs leaders est perçu comme insuffisant. L’écrasante majorité des répondants salariés admet que l’avenir économique et financier dépend de la compétitivité des entreprises, quand ils se montrent majoritairement sceptiques face à l’idée que les chefs d’entreprise assument leur part de responsabilité dans le combat contre le chômage.
«Les écarts de perceptions sont très substantiels. Les patrons pensent agir dans l’intérêt général et se donnent du mal pour sortir le pays de la crise. Il y a une déconnexion entre le rôle de l’organisation et celui du leader. Au niveau macro-économique, de nombreuses initiatives tentent de stimuler l’entrepreneuriat et la création d’entreprises, pourtant la fonction de dirigeant n’est que peu valorisée socialement. Comment réussir à motiver les jeunes à lancer leur activité? Le paradoxe est de taille.» Le vocable même de «patron» renvoie souvent à une connotation assez négative.
Autre constat: ce bilan plutôt critique est relativement méconnu des décideurs eux-mêmes. «L’enquête révèle un décalage marqué entre l’image que les leaders ont d’eux-mêmes, ils se voient comme responsables, sympathiques et accessibles; et les perceptions d’une majorité de salariés qui les décrivent plutôt comme prétentieux, conservateurs et inaccessibles. Les chefs d’entreprise surestiment bien souvent leur image, ils se pensent beaucoup plus proches de leurs salariés. C’est cette tension qui rend l’étude intéressante.»
Pour approfondir les résultats de cette étude, la Bil accueillera le 10 mars prochain une table ronde dédiée au leadership. Retrouvez plus d’informations dans le Paperjam1 daté de mars.